Sanctions contre le Mali : le gouvernement accuse le groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU

Sanctions contre le Mali , le gouvernement accuse le groupe d'experts du Conseil de sécurité de l’ONU

Dans un mémorandum publié le mercredi 31 août, le ministère malien des affaires étrangères a dénoncé le comportement du groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU. Ces derniers ont pondu un rapport qui a motivé la prolongation d’un an du régime de sanctions contre le Mali ce mercredi.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a mis en place en 2017 un régime de sanctions contre des individus et entités au Mali, dans le cadre des affrontements entre groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger, empêchant sa mise en œuvre. Notamment en occasionnant des violations des droits humains. Lesquels droits font l’objet d’un suivi du groupe d’experts dont le rapport détermine la levée ou non des sanctions.

Comportement déplorable du groupe d’experts du Conseil de sécurité

Ce mercredi, le conseil a décidé la prorogation du régime des sanctions jusqu’au 31 août 2023, ainsi que le mandat du groupe d’experts jusqu’au 30 septembre 2023. Dans son mémorandum, le gouvernement malien a regretté que le groupe d’experts du Conseil de sécurité n’ait pas mis à sa disposition son rapport avant sa publication.

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Alors que « les autorités maliennes, à travers les différentes structures sollicitées, ont toujours collaboré de bonne foi avec le groupe d’experts au cours des visites effectuées au Mali et mis à sa disposition les informations demandées et disponibles ». « Malgré les garanties données par le groupe à la suite des remarques formulées dans le cadre de la collaboration, la partie malienne constate, avec regret, l’absence de réciprocité concernant notamment la mise à la disposition des rapports du groupe, pour ses observations avant la publication », a regretté le gouvernement.

Le gouvernement a déploré « les entraves à l’accès des structures compétentes maliennes à ces rapports pendant que des fuites de certains passages orientés de ces rapports sont organisées dans la presse internationale ». Ces manquements et les allégations sur les autorités maliennes et les Forces armées maliennes « amènent le gouvernement du Mali à émettre de fortes réserves sur la méthodologie et la démarche de travail du groupe », a ajouté le mémorandum.

Un instrument de domination plutôt qu’un réel régime de sanctions

Sur le fond du rapport, le gouvernement malien souligne plusieurs anomalies. Entre autres, Il constate que le groupe d’experts sort de son mandat, alors que « la mise en œuvre de l’Accord couvre uniquement les régions du nord du Mali ». D’autant plus que le rapport semble être une « synthèse des rapports trimestriels du Sécrétaire général sur la situation du Mali », plutôt qu’un travail sérieux.

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Ensuite, le gouvernement récuse l’affirmation du groupe d’experts selon laquelle la mise en œuvre de l’Accord d’Alger « était au point mort » durant la période couverte par l’étude. Il reconnait cependant que les sanctions de la Cedeao avaient « impacté négativement » sa mise en œuvre. Le gouvernement reproche également au groupe de se fonder sur des informations du CMA (peu crédible) pour justifier des violations des droits de l’homme.

Malgré ces dénonciations et d’autres encore, le gouvernement affirme continuer la coopération avec les Nations Unies pour la mise en œuvre de l’accord. Toutefois, la coopération « sera désormais liée au respect strict par le groupe d’experts de son mandat (..) y compris la réciprocité » avec les autorités maliennes. Car le « Mali s’interroge de plus en plus sur l’utilité du régime de sanctions qui apparait comme un instrument d’influence, de domination ou de règlement de compte politique, au lieu d’aider véritablement notre pays à sortir de la crise ».

Edoh