Avant de fuir l’Afghanistan, le président Ashraf Ghani a publié sur sa page Facebook « Les talibans ont gagné […] j’ai pensé qu’il était préférable de partir ». En effet, vingt ans après avoir été chassés du pays qu’ils dirigeaient, les talibans sont de retour, malgré la prétention des américains de disloquer cette organisation. Face à ces récents évènements, il y’a de quoi s’interroger sur ce qui fait la force de ce groupe armé.

Les afghans gardent un amer souvenir des années de gouvernance des talibans marquées par une application stricte de la charia, loi islamique comportant une restriction des droits des femmes. Les mouvements de foule constatés à l’aéroport de Kaboul, causés par les populations voulant fuir à bord dans les avions affrétés par les américains, en est la preuve.

Retour sur les origines des talibans

En avril 1978, un coup d’état militaire baptisé : « révolution du Saur » voit arriver au pouvoir afghan, le pro soviétique, Nur Muhammad Taraki. Ce chef du Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan (PDPA), sera assassiné un an plus tard par son ministre de la défense Hafizulla Amin, qui prend ses distances avec Moscou. L’armée soviétique intervient alors en Afghanistan et le renverse.

Mais, une résistance s’organisa avec le soutien des américains. Les moudjahidines, (combattants pour la foi) soutenus, financés et armés entre autres par la Central Intelligence Agency (CIA) des américains et autres services secrets occidentaux, reprennent jusqu’en 1983 progressivement le contrôle de la majorité du territoire.

En 1989 les soviétiques quittent définitivement l’Afghanistan. S’en suit une guerre civile entre les différents groupes armés moudjahidines et l’armée du gouvernement communiste fidèle au nouveau président afghan. Ainsi, des dissensions ont commencé à apparaître entre moudjahidines afghans et les différents groupes ayant combattus à leurs côtés, dont les talibans.

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Prise de pouvoir sous la bénédiction américaine

En 1996, les talibans, soutenus par le Pakistan (matériels) et l’Arabie saoudite (financement), prennent le pouvoir, en faisant croire qu’ils vont rétablir la paix. Ils repoussent progressivement les moudjahidines dans les confins du nord-est du pays. Nombre de talibans ont été formés au Pakistan, d’où le mouvement est originaire.

Citant le néerlandais Alex Strick van Linschoten, le site d’information geo.fr, confie que les Etats-Unis voyaient d’un bon œil, leur prise de pouvoir en Afghanistan pour des questions de stabilité de l’approvisionnement en gaz et pétrole de leurs compagnies pétrolières.

A l’origine, le mot « taliban » signifie « étudiant en théologie » en arabe littéraire, ou encore une personne qui recherche l’instruction. Les talibans sont issus des « Pachtouns » étant l’ethnie majoritaire et parlant le pachto, qui est une langue officielle en Afghanistan.

A leur prise de pouvoir, les talibans proclament l’Afghanistan, un émirat islamique et appliquent l’interprétation stricte de la charia. Durant leur règne, les exécutions publiques et les flagellations étaient courantes. Les femmes n’avaient généralement pas le droit de travailler ou d’étudier et étaient obligées de porter une burqa (voile intégral) en public.

Les talibans ont interdit les livres et les films occidentaux et ont détruit des objets culturels d’autres traditions, notamment des statues géantes du Bouddha vieilles de 1 500 ans dans la vallée centrale de Bamiyan.

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Chute et renaissance des talibans favorisée par les Etats-Unis

En effet, les talibans ont perdu le soutien des américains, quand ils ont fait de l’Afghanistan un camp d’entraînement pour les terroristes islamistes. Notamment le groupe militant Al-Qaida, dirigé alors par le Saoudien Oussama Ben Laden, aujourd’hui décédé. C’est de là, qu’ont été préparés plusieurs attaques terroristes notamment les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis.

Face à leur refus de livrer Ben Laden, les talibans ont dû faire face à l’invasion de leur pays par les Etats-Unis. Après leur défaite, les chefs talibans ont fui vers l’Afghanistan et le Pakistan. Le groupe a ensuite mené une insurrection contre le nouveau gouvernement afghan soutenu par les États-Unis.

Mais c’est encore les Etats-Unis qui vont favoriser leur retour au pouvoir. Fatigués par deux décennies de guerre, le gouvernement américain sous l’administration de Donald Trump négocie en 2020, un accord avec les talibans. Discréditant ainsi le gouvernement de Kaboul en place.

L’accord fixait un calendrier pour le retrait des troupes américaines du pays en échange de la fin des attaques des talibans contre les Américains et de l’ouverture de négociations avec le gouvernement afghan. Cet accord a été adopté par les Nations-Unions sous la pression des Etats-Unis.

Cependant, des mois de pourparlers entre les talibans et le gouvernement afghan n’ont pas abouti à un accord de paix. Sans attendre le départ définitif des américains, les talibans ont renversé le gouvernement afghan et repris le pouvoir le 15 août. Aujourd’hui, rien ne garantit que le groupe armé ne vont pas renouer avec leurs vieilles habitudes au grand dam des population afghanes.

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Esso A.