Afghanistan: symbole de la désillusion sur la toute puissance de l’occident

Afghanistan, symbole de la désillusion sur la toute puissance de l'occident

L’Afghanistan est le nouveau témoignage de l’inefficacité de la politique des muscles toujours mis en avant par les occidentaux dans leurs relations extérieures. Venues en 2001 pour mettre fin au régime Taliban, les troupes américaines et leurs alliés repartent vingt ans après, en remettant l’Afghanistan au même régime.

Le président Joe Biden a annoncé en Avril, le retrait de toutes les troupes américaines d’Afghanistan d’ici le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Démarré en mai, ce retrait des dernières troupes américaines et des alliés a laissé un champ aux Talibans qui aujourd’hui progressent inexorablement vers un nouveau contrôle de tout le pays.

Un retrait d’Afghanistan sur fond d’échec des troupes alliées

Négocié par le président Trump, le processus de retrait des troupes américaines, les plus importantes forces étrangères en Afghanistan, doit s’achever à la fin du mois d’août. Mais ce retrait qui était devenu inéluctable est le résultat de la désillusion des américains en Afghanistan.

Débarquées en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats -Unis, les troupes américaines et leurs alliés avaient pour mission de détruire le groupe terroriste islamiste Al-Qaïda et leurs protecteurs, les Talibans qui dirigeaient le pays. Deux mois leur ont suffi pour faire tomber le régime taliban dont les combattants se sont réfugiés au Pakistan.

Mais au lieu de disparaitre, les Talibans se sont réorganisés en s’enrichissant grâce au trafic de drogue, à l’exploitation minière et aux taxes. Et ils n’ont cessé d’être une épine dans le pied du nouveau gouvernement installé par les américains, en perpétrant des attaques meurtrières au fil des années. Les Afghans, civils et militaires en ont été les premières victimes, plus de 60 000 membres des forces de sécurité tués et près de deux fois plus de civils, selon bbc.com

Mais le bilan est aussi lourd au niveau des forces alliées. Plus de 2 300 militaires américains ont été tués et plus de 20 000 blessés, ainsi que plus de 450 britanniques et des centaines d’autres nationalités. Le coût financier estimé pour le contribuable américain est proche de 1 milliards de dollars US.

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Echec dans la reconstruction de l’Afghanistan

En 2001, lorsque la coalition est arrivée en Afghanistan, entrainée par les Américains, les Afghans étaient contents de les voir arriver. Ils étaient venus en libérateurs du peuple afghan qui pliait sous le joug des Talibans. Mais au fil des mois, les forces américaines se sont mutées en forces d’occupation violant les coutumes des afghans. Des soldats américains ont même tué des civils afghans, selon un témoignage sur Tv5monde. Les américains ont donc été vomis par la population.

En outre, la coalition menée par les américains n’a pas réussi à reconstruire administrativement le pays. La corruption qui avait cours en Afghanistan s’est renforcée sous l’occupation occidentale. De l’argent a été certes investi, mais les afghans n’en n’ont jamais eu les retombées. Et l’armée afghane n’est pas devenue une armée solide pour faire face aux menaces.

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Retour des Talibans

Face au désenchantement, la coalition occidentale a entrepris de négocier avec les Talibans. Il leur a été donc promis une amnistie en échange du dépôt des armes pour participer au processus de paix. Une partie a accepté et l’un de leur chef Abdul Salam Rocketi, est même devenu parlementaire aux élections législatives de 2005.

Le 29 février 2020, l’administration Trump, pressée de faire rentrer les troupes au pays, a poussé le bouchon un peu plus loin en signant un traité avec les Talibans, le traité de Doha au Qatar. L’un des rares cas où une grande puissance conclut un tel accord avec une partie qui n’est pas un Etat, mais un simple mouvement insurgé. Traité reconnu le 10 mars par le conseil de sécurité des Nations Unies qui l’a adopté à l’unanimité, par la résolution n◦ 2513.

Dans cet accord est inscrit le calendrier du retrait des troupes étrangères de l’Afghanistan contre des promesse des talibans qui ne sont déjà pas tenus aujourd’hui, sauf celle de cesser les attaques contre les forces étrangères durant la période de départ, nous rapporte Tv5monde. Les dés étaient donc jetés pour leur retour au pouvoir en Afghanistan puisque l’armée afghane n’a pu être réorganisée par les forces alliées durant tout ce temps

De plus les américains ne pouvaient remettre en cause l’accord signé et adopté par l’ONU. Joe Biden n’a pu obtenir qu’un moratoire de cinq mois, jusqu’au 11 septembre pour évacuer le reste de ses troupes de l’Afghanistan.

 

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Une menace talibane au-delà des frontières afghanes

Aujourd’hui, l’avancée des Talibans en Afghanistan est fulgurante. Le jeudi, 12 août, ils ont pris Kandahar et Herat, respectivement la deuxième et la troisième plus grande ville d’Afghanistan après Kaboul, la capitale. Même si le gouvernement et l’armée afghane croit toujours pouvoir reprendre le dessus, les Talibans s’acheminent méthodiquement vers Kaboul, à quelques semaines du départ définitif des militaire américains du sol afghan.

Leur objectif affiché est de reprendre le pouvoir, vingt ans après avoir été chassés. Et les services de renseignements militaires américains, avertissent qu’ils pourraient prendre le contrôle total du pays en quelques mois. En attendant, les américains et britanniques  envoient des troupes pour protéger l’évacuation de leurs ressortissants encore sur le territoire afghan.

Face aux combats, des milliers d’afghans ont fui leurs foyers. Mais ce retour menace également au-delà des frontières. En 2001, les Talibans protégeaient Al-Qaïda. Et il n’est pas évident qu’ils ne soient plus en relation avec les groupes terroristes. D’autant plus qu’ils ont rusé avec les américains en leur faisant croire qu’ils abandonnaient les armes.

Une guerre civile dans le pays ne fera qu’accélérer l’émergence des groupes terroristes endormis actuellement et une menace pour l’Afghanistan mais aussi pour les occidentaux.

Esso A.