Brouille franco-américaine : la complicité des anglo-saxons face aux francophones

Brouille franco-américaine , la complicité des anglo-saxons face aux francophones

La France a souvent eu maille à partir avec les pays anglophones. Historiquement en conflit avec l’Angleterre, les derniers siècles ont vu les tensions s’étendre vers les autres pays anglo-saxons dont les Etats-Unis. Le dernier épisode est la brouille franco-américaine à propos d’un autre pays anglo-saxon, l’Australie.

Le premier ministre australien Scott Morrison a annoncé le 15 septembre la rupture d’un contrat d’achat de sous-marins conclu en 2019 avec la France. Il a préféré s’approvisionner chez les Etats-Unis.

Les français et les anglo-saxons, pas vraiment amis

Avant la naissance des Etats-Unis, les français ont souvent été en guerre avec le royaume britannique. La rivalité entre les deux puissances est marquée par des conflits et occupations réciproques de territoires. Ces combats ont abouti à « la guerre de sept-ans », qui s’est exporté en Amérique du nord. La victoire de l’Angleterre et sa domination de l’Amérique du nord, n’a pas été digéré par les français. Ces derniers ont pris leur revanche en aidant les colons américains dans leur guerre d’indépendance face au royaume britannique.

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Cependant entre les pays anglo-saxons (Etats-Unis, Canada, [anglophone], Australie, la Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni), existe une relation de complicité. Ces pays ont des caractéristiques communes, dues à leur caractère d’anciennes colonies et bases de l’Empire britannique. Avec les deux guerres mondiales et la montée en puissance des Etats-Unis, les autres pays anglo-saxons, se sont plus rapprochés du premier, surtout l’ancienne colonie britannique. Ces derniers ont toujours été ensemble face à la France, comme dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Cette rivalité entre la France et ses amis anglo-saxons a continué sur les années, surtout avec les américains, qui revendiquent une hégémonie sur le monde. En 2003, nait une nouvelle brouille franco-américaine, due au refus de la France de cautionner la guerre en Irak. La volonté est surtout, comme cela a toujours été le cas, de s’affranchir de l’hégémonie des Etats-Unis.

Bien que leurs relations se sont peu à peu rétablies, en juin, les Etats-Unis ont obtenu un contrat d’armement en Suisse au nez et à la barbe des français. Même si cela n’a pas entrainé une brouille franco-américaine, les premiers n’ont sûrement pas applaudi. En outre, le récent Brexit du Royaume-Uni a d’avantage éloigné la France du pays anglo-saxon avec qui elle avait plus de relations dans l’Union Européenne.

La nouvelle brouille franco-américaine, conséquence de la complicité anglo-saxonne

L’Australie, un pays anglo-saxon, a annoncé le 15 septembre sa décision de rompre un contrat signé en 2019 avec la France portant sur 12 sous-marins conventionnels pour un montant de 56 milliards d’euros. La raison, « un changement de besoin » selon le premier ministre Australien Scott Morrison. Mais la vraie raison est que ce pays a préféré aller se fournir chez son allié historique, les Etats-Unis. D’où la nouvelle brouille franco-américaine. En effet, les Etats-Unis ont noué une alliance avec l’Australie et le Royaume-Uni visant à renforcer la sécurité dans la zone indo-pacifique où les USA sont en rivalité avec la Chine.

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Le site d’information de BFMTV, indique que ce pacte nommé Aukus était en préparation dans les coulisses entre l’administration Biden et l’Australie et la Grande Bretagne. En juin, l’Australie avait prévenu qu’elle avait un plan B. Elle a donc annulé son contrat avec la France dans le cadre de ce partenariat avec ses amis anglo-saxons qui prévoit également la fourniture de sous-marins. Mais la brouille franco-américaine est justifiée, dans la mesure où la rupture a mis Paris en rogne. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian l’a même qualifié de « coup dans le dos ».

Scott Morrison, premier ministre australien

Même si Paris n’arrive pas à concevoir que l’Australie n’ait pas pu respecter « la parole donnée », Boris Johnson, le premier ministre britannique, s’est félicité de ce mauvais coup de l’Australie, qui a permis la conclusion du contrat tripartite. Il voit en ce contrat son premier succès diplomatique depuis le Brexit. De quoi raviver la brouille franco-américaine. Le premier ministre britannique se voit libéré du poids des institutions européennes qui l’on isolé après qu’il les a quittés.

Et même si Joe Biden a assuré que les Etats-Unis voulaient « travailler étroitement avec la France » dans cette zone très stratégique et que Paris « est un partenaire clé » des Etats-Unis, il n’est pas évident que la brouille franco-américaine puisse retomber de si tôt. « Cette décision unilatérale, brutale, imprévisible » de rompre ce qui était considéré comme « le contrat du siècle » a des conséquences financières pour la France, qui s’est fait avoir par les pays anglo-saxons.

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Esso A.