Cessez-le-feu au Tigré : une annonce du gouvernement, rejetée par les rebelles

Cessez-le-feu au Tigré , une annonce du gouvernement, rejetée par les rebelles

Le gouvernement éthiopien a annoncé lundi soir, un cessez-le-feu au Tigré suite à la reprise de la capitale Mekele par les forces rebelles. Cette information a été rapportée par plusieurs médias d’Etat. C’est une première dans ce conflit qui dure déjà huit mois. Mais les forces rebelles affirment poursuivre les combats.

C’est au soir du lundi 28 juin, que les forces loyales aux anciennes autorités dissidentes du Tigré (TPLF), sont entrées dans la capitale de la région du Tigré.

Une déclaration unilatérale du gouvernement

Le gouvernement fédéral a décrété un « cessez-le-feu unilatéral et inconditionnel » afin notamment de permettre le bon déroulement des cultures par la population et la distribution d’aide humanitaire. Tout en permettant aux combattants rebelles « de reprendre un chemin pacifique », selon un communiqué relayé par des médias d’Etat en début de soirée. Selon ce communiqué, le cessez-le-feu court « à compter d’aujourd’hui, 28 juin, jusqu’à la fin de la saison des cultures ».

Ce cessez-le-feu au Tigré, refusé à de nombreuses reprises par les différents acteurs au conflit, a été demandé par l’administration provisoire mis en place par Addis Abeba. L’administration a quitté Mekele avec les soldats fédéraux aux alentours de 16 heures le lundi.

Les communications ont été coupées. Les téléphones satellites des organisations humanitaires ont même été confisqués par les soldats éthiopiens. Un vent de panique s’est d’abord emparé de la ville, assurent des sources humanitaires, avec notamment de nombreux pillages. Les forces rebelles, rebaptisées forces de défense du Tigré (TDF) ont investi la ville en début de soirée.Tigré

Les TDF ont lancé une offensive la semaine dernière, au moment où se tenait dans une grande partie du reste du pays des élections nationales très attendues dont les résultats n’ont pas encore été annoncés. Ce qui a aboutit à l’annonce du cessez-le-feu au Tigré.

Rejet du cessez-le-feu au Tigré

L’ancien gouvernement du Tigré a quant à lui, dans une déclaration publiée dans la nuit, salué les avancées des TDF et a déclaré que Mekele était entièrement sous son contrôle. Les anciennes autorités ont assuré que leur lutte allait « s’intensifier » jusqu’à ce que tous les « ennemis » quittent la région, laissant entendre que les combats se poursuivraient malgré le cessez-le-feu au Tigré décrété par le gouvernement éthiopien.

« Le gouvernement et l’armée du Tigré accompliront toutes les tâches nécessaires pour assurer la survie et la sécurité de notre peuple », indique le communiqué. « Le gouvernement du Tigré appelle notre peuple et notre armée du Tigré à intensifier leur lutte jusqu’à ce que nos ennemis quittent complètement le Tigré ».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a jugé ces événements « extrêmement préoccupants ». « Ils démontrent, une fois de plus, qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise », a-t-il déclaré, disant avoir « bon espoir qu’une cessation effective des hostilités aura lieu ».

Les États-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni ont demandé une réunion d’urgence publique du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Tigré, ont confié des sources diplomatiques à l’AFP. Les Occidentaux n’ont jamais réussi à tenir une session publique sur le Tigré ; les Africains, la Chine, la Russie ainsi que d’autres membres du Conseil jugeant que la crise est une affaire interne à l’Éthiopie.

Difficile d’affirmer, dans ces conditions, que le cessez-le-feu au Tigré sera suivi.

Esso A.

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