Mercenaires de Wagner : « ce choix des autorités maliennes (..) d’un côté, on peut le comprendre en réalité », Jean Hervé Jezequel

Mercenaires de Wagner : « ce choix des autorités maliennes (..) d’un côté, on peut le comprendre en réalité », Jean Hervé Jezequel

Suite à des informations de préparation du déploiement des mercenaires de Wagner au Mali, des pays européens, dont la France, ont signé un communiqué de condamnation. A leurs propos enflammés, le directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group, Jean Hervé Jezequel, apporte un bémol.

Invité sur Rfi, M. Jezequel, a dit comprendre le choix supposé des autorités maliennes de transition. Sans justifier la venue de mercenaires russes au Mali, le chercheur nuance un peu les affirmations choc, provenant depuis quelques semaines des autorités occidentales, la France en tête.

Les mercenaires de Wagner, une option compréhensible

Pour l’historien Jezequel, si les autorités maliennes se tournaient vraiment vers les mercenaires de Wagner, ce serait tout de même compréhensible ; cela pour deux raisons. La première est l’échec de « huit années d’intervention internationale dans la région » face à la montée des groupes djihadistes.

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La seconde raison évoquée par le directeur du projet Sahel est « le choix assez unilatéral du président Macron », il y’a quelque mois, « de revoir le dispositif militaire français au Sahel et au Mali en particulier ». Même si le président français en a informé ses homologues du Sahel, le chercheur insiste sur le caractère « assez unilatéral » de ce choix.

Il est donc normal, poursuit le chercheur « que les autorités maliennes de transition veuillent essayer de donner une nouvelle direction au dispositif de stabilisation et de réponse à la crise violente ». Il est tout de même regrettable que ce choix se tourne vers les mercenaires de Wagner, « un acteur militaire de plus dans un espace déjà saturé en groupes armés ». Et vu le palmarès un peu sombre de Wagner en Centrafrique, selon M Jezequel.

Les conséquences de cette arrivée au Sahel

Il faut relever d’entrée de jeu, que le chercheur nuance l’impact que les signataires du communiqué, attribuent à l’arrivée des mercenaires de Wagner au Mali. Notamment la remise en cause de l’accord d’Alger signé par les différents groupes armés au Mali. Jean Hervé Jezequel estime qu’il est trop tôt pour faire une telle affirmation.

Jean Hervé Jezequel,

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La raison est qu’on « ne sait pas au fond encore, quel sera le format de cette force, quelles seront ses missions, quelle sera la géographie de son déploiement ». Wagner pourrait se cantonner à « la protection des institutions et des autorités maliennes à Bamako ». Ou s’étendre sur le centre du pays, pour contenir l’expansion des groupes djihadistes. Mais un déploiement vers le nord constituerait une crainte pour un certain nombre de groupes politico-militaires signataires de l’accord.

Ce qui est certain est qu’un déploiement des mercenaires de Wagner au Mali, accélérerait le redéploiement de la force française. Bien que ce redéploiement ait commencé avec la fermeture de quelques bases militaires, les français se replieraient carrément vers d’autres pays comme le Niger. Il serait possible que la France ne voie plus le Mali comme un allié suffisamment « fidèle et crédible », dans la mission de préserver les pays côtiers d’Afrique de l’ouest face à l’expansion des groupes djihadistes.

Esso A.