Représentant de la Cedeao : un indésirable dans les pays en conflit avec l’organisation ?

Représentant de la Cedeao : un indésirable dans les pays en conflit avec l’organisation ?

La défiance de certains pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envers l’organisation, est montée d’un cran. L’antipathie affichée envers le représentant de la Cedeao par les pays en conflit avec l’organisation, peut cacher une réelle crainte.

La Guinée, actuellement sous sanctions de la Cédéao, a refusé de se plier à la décision de l’organisation nommant un envoyé spécial dans le pays. La venue du diplomate ghanéen Mohamed Ibn Chambas en Guinée, est jugée inopportune par les autorités du pays. Une situation qui se rapproche de l’expulsion du représentant de l’organisation au Mali, un autre pays sous sanctions de la Cedeao.

Rejet du représentant de la Cedeao

Le colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne, s’est opposé à l’envoi

Mohamed Ibn Chambas

d’un représentant de la Cédéao dans son pays. En réunion extraordinaire le 7 novembre, l’organisation avait décidé de maintenir les sanctions individuelles contre les dirigeants guinéens. Et de nommer un envoyé spécial dans le pays, en la personne de M. Ibn Chambas.

Lire aussi: Sanctions de la Cedeao : le ton se durcit face au Mali et à la Guinée

Dans sa lettre adressée au président en exercice de la Cedeao, le ghanéen Nana Akufo-Addo, le colonel ne s’est pas offusqué du maintien des sanctions mais plutôt de la venue d’un représentant de la Cédéao dans son pays. Pour lui, la nomination d’un envoyé spécial n’est ni opportune, ni urgente. Étant donné que la Guinée ne traverse aucune crise interne, de nature à compromettre l’évolution normale de la transition.

Le représentant de la Cédéao au Mali a subi un sort semblable, dans la mesure où il a été déclaré « persona non grata » le 25 octobre. Ce qui lui a valu une obligation de quitter le pays où il exerçait, depuis plus de deux ans. Ces deux pays sont en conflit avec l’organisation ouest-africaine à cause des coups d’Etat perpétrés par les dirigeants actuels. Ce qui fait que leur refus d’abriter des représentants de la Cédéao sur leur sol peut sembler logique.

Les dirigeants putschistes méfiants ?

La télévision publique malienne avait évoqué des « agissements incompatibles » du représentant de la Cedeao Hamidou Boly, sur le territoire national. Le ministre des affaires

Hamidou Boly

étrangères l’a ensuite, accusé d’être en lien avec des personnes qui « entreprennent des activités hostiles à la transition ».

Lire aussi: Coups d’Etat militaires en Afrique de l’ouest : la CEDEAO, un colosse aux pieds d’argile

Il est de notoriété publique que la Cédéao s’oppose aux coups d’Etats. Et la succession de ces coups dans les pays membres de l’organisation est une atteinte à la crédibilité de l’instance sous-régionale. Malgré l’armada de sanctions et pressions exercées sur les putschistes maliens, des militaires guinéens leur ont emboité le pas. Et depuis, les décisions de l’organisation n’ont aucun effet sur la trajectoire empruntée par les putschistes.

Il est donc loisible d’imaginer que le représentant de la Cédéao, soit perçu par ces nouveaux dirigeants comme nuisible à leurs ambitions. Ils peuvent constituer un autre canal de pression utilisé par la Cédéao. D’autant plus qu’il existe des exemples dans la sous-région où ces médiateurs ont été accusés de parti pris dans leurs missions.

Edoh.