Tchad : la CNDH a visité les prisons secrètes de l’ANS suite aux dénonciations

Tchad, la CNDH a visité les prisons secrètes de l’ANS suite aux dénonciations

Au Tchad, l’existence des prisons secrètes communément appelées « cachot » ont fait l’objet des dénonciations. Ceci, en raison des traitements inhumains. Compte tenu de l’ampleur des polémiques que cette question suscite, la Commission nationale des droits de l’homme(CNDH) a jugé bon de visiter ces lieux afin de vérifier les faits allégués. Le 6 novembre 2020, le président de la CNDH, Djidda Oumar Mahamat, a saisi par courrier n°194 la direction générale de l’ANS, afin de visiter des « prisons secrètes non identifiées ». Ce qui fut fait le 8 décembre 2020.

La CNDH a pu visiter les prisons secrètes tchadiennes, dont l’existence a été dénoncée il y a quelques semaines par une organisation de défense des droits de l’homme.

Entre bonnes conditions et traitements inhumains, la CNDH recommande

La visite de la commission nationale des droits de l’homme l’a conduit dans indique deux prisons de l’Agence nationale de sécurité (ANS). Plusieurs observateurs considèrent l’ANS comme la police politique du régime tchadien. Ainsi, la visité les cellules incriminées, a permis au président de la commission de constater que les cachots ne sont pas aussi lugubres que décrits. Mais, il reconnait que certains points devaient être améliorés.

« Les prisonniers nous ont dit qu’ils sont dans de bonnes conditions. Mais, la seule chose qui leur manque, ce sont des visites. Ils n’ont pas de visite de leur famille ni de contact avec les avocats », estime Djidda Oumar.

Par ailleurs, deux anciens détenus ont fait part à RFI de sévices, programmés entre 23h et 4h du matin, qui ont commencé dès le premier jour de leur détention. Ils ont évoqué notamment avoir reçu du piment dans les yeux et des coups de bâton.

Plusieurs dénonciations

Comme partout ailleurs en Afrique, les conditions des détenus dans les prisons ne sont jamais roses. De plus, lorsqu’il s’agit des lieux de détention qui relèvent de la compétence des institutions sécuritaires comme celui de l’Agence nationale de sécurité. Ailleurs, on parle d’Agence nationale de renseignement. Tous ceux qui ont eu le malheur de passer par là ont témoigné.

C’est donc à la suite de plusieurs dénonciations sur les conditions de détention des prisonniers dans ces cachots que la visite a été organisée. Le nombre exact de prisons secrètes dont dispose l’agence de renseignement est inconnu.

Concernant les gardes à vue extrêmement longues, Djidda Oumar répond que le « procureur est au courant ». « Ce sont des enquêtes qui prennent beaucoup de temps donc le délai de garde à vue est très difficile à respecter », ajoute le président de la commission.

La CNDH recommande toutefois au gouvernement de recadrer l’ANS pour éviter les abus d’autorité dont se plaignent nombre de citoyens.

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