Corruption au Burundi : tiraillements entre le président Evariste Ndayishimiye et les juges burundais

Corruption au Burundi , tiraillements entre le président Evariste Ndayishimiye et les juges burundais

La corruption est un mal qui gangrène plusieurs administrations en Afrique notamment au Burundi. Le sujet a été au cœur d’un débat houleux entre le président et les juges burundais. En effet, Evariste Ndayishimiye s’en est pris aux juges de son pays qu’il a accusés d’être corrompus. Ces derniers n’ont pas hésité à se défendre.

Selon le président burundais Evariste Ndayishimiye, la corruption est à l’origine de tous les maux de son pays et la justice y est empêtrée.

Le président burundais accuse les juges

C’est mardi, qu’une rencontre a eu lieu entre le président et les juges burundais. Devant ces représentants de la magistrature, le président a profité pour dire ce qu’il pense de leur institution. Pour M. Ndayishimiye, la justice burundaise fait « honte » parce qu’elle est gangrénée par la corruption.

« Partout où je vais, je reçois plus de 1 000 doléances contre la justice par jour. Je les trouve fondées après analyse. », a révélé le président. Selon lui, « les investisseurs étrangers ne viennent plus au Burundi » parce que les juges trouvent « des stratagèmes pour les dépouiller de leur argent ». Mais étant donné que c’est la justice qui les dépouille, « ils n’ont nulle part où se plaindre ».

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Le président a accusé les juges burundais de nuire au développement du pays, car « quel étranger va emmener son investissement dans un pays sans justice, où il n’a aucun recours lorsqu’on vole son argent ? » a-t-il demandé. Mais l’attaque du président a provoqué la réaction des magistrats.

Réaction des juges burundais

Au cours de la rencontre, la parole a été donnée aux magistrats, qui ont essayé de se justifier. Mais, c’est la réponse de l’un des juges burundais qui a vraiment marqué les esprits. Il s’agit de Jérôme Mbonimpa, juge au Tribunal de grande instance de Rumonge, dans le sud-est du Burundi. Ce dernier n’a pas nié la corruption qui mine la magistrature, cependant il dénonce aussi les pressions que ce corps subit.

Selon ce juge burundais, le président doit aider les magistrats à « pourchasser ceux qui ont volé l’argent public pour renflouer les caisses de l’Etat », comme il l’a lui-même recommandé. M. Mbonimpa a rappelé au président l’existence d’« une main invisible qui pèse sur les juges ». Une pression qui les oblige à rendre des décisions contraires à la loi.

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Le magistrat révèle que la pression vient de différentes personnalités en lien avec le justiciable fautif, notamment « le chef du parti au pouvoir » de la province du mis en cause ou « un général de l’armée ou de la police ». Cette dénonciation de ce juge burundais, faite avec toutes les marques du respect dû au président, peut s’appliquer malheureusement à plusieurs pays en Afrique.

Il reste à espérer que le président Evariste Ndayishimiye saura situer les responsabilités en réponse à cette requête formulée sans détour.

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Esso A.