Frontière maritime Kenya-Somalie : les symptômes d’une difficile union de l’Afrique

Frontière maritime Kenya-Somalie : les symptômes d’une difficile union de l’Afrique

Le caractère définitif du jugement de la Cour Internationale de Justice (CIJ) n’a pas suffi à enterrer la discorde sur la frontière maritime entre le Kenya et la Somalie. La nouvelle frontière tracée par la Cour, n’a pas ramené la paix entre les deux voisins africains.

Nairobi et Mogadiscio se disputent depuis des années, une zone maritime de l’océan Indien de 100 000 km2, riche en poissons et en hydrocarbures. Sollicitée, la CIJ a accordé la majeure partie de cette zone à la Somalie. Attisant davantage la colère du Kenya qui refuse de se plier à la décision.

La frontière maritime de toutes les discordes

La CIJ, plus haute juridiction de l’ONU a considéré qu’il n’y avait « pas de frontière maritime convenue » en vigueur. Aussi, a-t-elle procédé au traçage d’une nouvelle frontière. Seulement, son nouveau tracé satisfait plus les revendications de la Somalie, à qui revient une grande partie de la zone maritime. Elle a reproché au tracé proposé par le Kenya d’avoir « un grave effet de coupure » pour la Somalie.

Uhuru Kenyatta, Président du Kenya

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Le gouvernement kényan « rejette totalement et ne reconnaît pas les conclusions » a réagit dans la soirée, le président kényan Uhuru Kenyatta. Son pays avait même récemment rejeté l’autorité de la cour. Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a, de son côté, invité le Kenya à voir la décision de la Cour comme une opportunité de renforcer les relations des deux pays et la collaboration de leurs peuples voisins.

C’était en 2014, que la Somalie a trainé le Kenya devant la CIJ alors que des années de négociation sur la frontière maritime, n’ont pas abouti. Nairobi affirme exercer sa souveraineté sur la zone depuis 1979.Ces tensions entre les deux pays se sont transportées dans leurs populations respectives, qui jouissaient toutefois d’une coopération pacifique sur la zone conflictuelle.

Une situation explosive contraire aux idéaux de l’Union Africaine

Le Kenya et la Somalie sont deux pays voisins de l’Afrique orientale. S’il est difficile pour deux pays frontaliers de s’entendre sur leurs espaces, il serait difficile d’envisager qu’une cinquantaine d’Etats s’entendent pour n’en constituer qu’un. Le Kenya considère que la décision de la Cour pourrait aggraver la situation en matière de paix et de sécurité dans la région.

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Mohamed Abdullahi Mohamed, président de la Somalie

Ce conflit sur la frontière maritime a aussi gagné les populations respectives de ces deux pays. Chacun fait parler son patriotisme. Un conflit qui peut donc devenir viral étant donné que la CIJ ne dispose pas de moyens contraignants pour faire appliquer ses décisions. Mais cette mésentente n’est pas visible chez les premiers exploitants de ces eaux, les pêcheurs somaliens et Kenyans.

En effet, les pêcheurs des deux pays exploitent ensemble cette zone où il y a beaucoup de poissons, déclare le propriétaire kenyan de bateau Ishaq Abubakar, à Rfi. Selon ce dernier, les pêcheurs locaux vivent de cette activité et ne peuvent aller ailleurs parce qu’envahi par les gros cargos. Les appétits liés aux hydrocarbures justifient selon lui cette bataille qui n’a pas tenu compte de leur avis. Cette situation explosive nécessite un retour sur les valeurs de l’Union Africaine et l’intervention de cette organisation.

Esso A.