Abandon du dollar: le Ghana poursuit son projet d’acheter le pétrole avec de l’or

Abandon du dollar: le Ghana avance dans son projet d’acheter le pétrole avec de l’or

Annoncé depuis la semaine passée, le projet du Ghana d’effectuer ses achats de produits pétroliers avec de l’or semble aller bon train. Un accord serait déja trouvé avec les Émirats arabes unis, selon le journal français Le Monde.

Le Ghana qui fait face à une crise économique et une dépréciation de sa monnaie, le cedi, a décidé d’enrayer cette spirale en utilisant le métal jaune pour ses achats de pétrole. Ce qui permettra de freiner la détérioration de ses réserves de change et la flambée du prix du carburant. Le projet est censée entrer en vigueur au premier trimestre 2023.

De l’or contre du pétrole

Ce nouveau projet a été révélé dans un message Facebook du vice-président ghanéen, Mahamudu Bawumia, la semaine dernière. Le gouvernement du pays a aussi demandé aux grandes societés minières de vendre à la Banque centrale ghanéenne à partir du 1er janvier, 20% d’or qu’elles raffinent. Ce qui permettra au Ghana de constituer des réserves de lingots qui serviront à importer le carburant à la place du dollar.

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Et selon Kabiru Mahama, conseiller du vice-président ghanéen cité par Le Monde, le gouvernement ghanéen a conclu un accord «provisoire » avec la societé pétrolière Emiraties National Oil Company (ENOC), basée à Dubai. Dans un entretien accordé le lundi 28 novembre, Steve Opata responsable des marchés financiers à la Banque du Ghana, confiait que «ENOC souhaite nous donner du pétrole raffiné contre de l’or».

«En fonction des quantités qu’ils s’engagent à nous donner, nous leur donnerons l’équivalent en or. Il s’agit d’un programme de gouvernement à gouvernement», a-t-il ajouté. Mais pour le moment, la société ENOC n’a encore fait aucun commentaire sur cet accord annoncé par le Ghana. Le pays, qui produit du pétrole brut, importe la totalité de ses besoins en produits pétroliers raffinés depuis la fermeture de son unique raffinerie en 2017 suite à l’explosion d’une unité de distillation.

Stabiliser une économie morose

Le Ghana considère ce système de troc comme le meilleur moyen d’enrayer la chute du cedi. En effet, le vice-président avait expliqué que la forte demande de devises par les importateurs de pétrole face à la diminution des réserves de change(devises étrangères) du pays, a entrainé la dépréciation de la devise nationale, le cedi.

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Mais les réserves de change du Ghana s’élevaient à environ 6,6milliards $ à fin septembre 2022, ce qui couvre moins de 3 mois d’importation. Et le Ghana dépense environ 10 milliards de dollars par an en importations, dont 48% pour l’achat de carburant. L’utilisation du métal jaune pour ces achats lui permettra donc de reconstituer ses réserves de change et de stabiliser le prix du pétrole, puisque le Ghana est le deuxième producteur d’or en Afrique.

Il peut donc en disposer en quantité suffisante pour faciliter les importations et imposer un prix de vente acceptable en interne du pétrole. « Nous sommes ouverts à toute société international de négoce de pétrole qui serait intéressé. A partir d’octobre 2023, tous nos besoins en produits pétroliers seront échangés contre de l’or», avait lancé le vice-président M. Bawumia lors d’une interview téléphonique le 25 novembre. Il faut préciser que La Banque du Ghana achètera le métal jaune aux sociétés minières en cedis.

Edoh