Kenya : Uhuru Kenyatta encense les « Pandora Papers »

Uhuru Kenyatta, Président du Kenya

Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), spécialiste des révélation chocs, a encore fait mouche. Du nom de « Pandora Papers », le dossier publié par l’ICIJ, révèle des évasions fiscales d’une grande ampleur concernant diverses personnalités du monde entier. Bien que cité, le président Kenyan, Uhuru Kenyatta, applaudit le rapport.

Le rapport publié dimanche, épingle environ 336 responsables politiques dans le monde, coupables d’avoir dissimulé des fonds dans des sociétés offshores et des paradis fiscaux afin d’échapper aux impôts. Parmi ceux-ci figurent 43 politiques africains dont le président Kenyan, qui ne s’en émeut guère.

Lumière sur des hommes politiques

Nommée en référence à la légende de la boîte de Pandore, l’enquête est une collaboration d’environ 600 journalistes dans le cadre du Consortium. Les Pandora Papers s’appuient sur près de 12 millions de documents issus de 14 sociétés de services financiers installés dans des paradis fiscaux. L’enquête révèle que des responsables politiques, des milliardaires et des célébrités ont eu recours aux services de ces sociétés pour dissimuler des avoirs et des transactions, notamment à des fins d’évasion fiscale.

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Les personnalités africaines citées par Pandora Papers, sont principalement des politiques dont le président Kényan Uhuru Kenyatta, objet principal des premières révélations concernant l’Afrique. L’enquête révèle comment le président et sa famille utilisent secrètement des sociétés offshores pour masquer leur fortune et échapper au fisc. Avec six membres de sa famille, M. Kenyatta posséderait un réseau de onze compagnies offshores, dont les actifs de l’une d’elles sont évalués à 30 millions de dollars.

En 2003, une fondation aurait été enregistrée au Panama sous le nom de Varies Foundation. Mais les vrais bénéficiaires seraient Uhuru Kenyatta et sa mère. A travers cette fondation, la famille Kenyatta dissimulerait son immense fortune pour le faire échapper aux impôts.

Uhuru Kenyatta approuve les Pandora Papers

Le président kenyan est un chantre de la lutte contre la corruption. Ce fut même l’une de ses promesses de campagne en 2013. Les révélations des Pandora Papers sonnent donc comme une mauvaise note dans sa campagne pour mettre fin à la corruption dans son pays. Mais le président Kenyan ne s’en inquiète pour le moindre du monde, et loue l’initiative du consortium des journalistes.

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Les Pandora papers vont « contribuer à améliorer la transparence financière et l’ouverture nécessaires au Kenya et à travers le monde » a déclaré le président Kenyan dans un communiqué. Avant d’ajouter que « les mouvements de fonds illicites, gains du crime et de la corruption prospèrent dans un environnement de secret et de ténèbres ». Mais M. Kenyatta a bien pris soin d’éluder les mentions des Pandora Papers à l’égard de lui et de sa famille.

Ces révélations de l’ICIJ ne sont pas les premières. Parmi les grosses affaires révélées on se souvient entre autres des Panama Papers, qui ont fait couler beaucoup d’encre. Basés sur des fuites de documents dont l’ICIJ ne précise pas les sources, les Pandora Papers promettent des révélations encore plus alléchantes dans les jours à venir, bien qu’une grande partie des transactions révélées ne soient pas illégales. Elles révèlent surtout le décalage entre les discours engagés contre la corruption et les actes cachés des dirigeants.

Esso A.