Burkina Faso: le REN-LAC en guerre contre les mauvaises pratiques dans le secteur minier

le REN-LAC

Au Burkina Faso, le REN-LAC (Réseau national de lutte anti-corruption) a organisé sa 15ème édition des journées nationales du refus de la corruption. Cette édition s’est tenue du 1er au 10 décembre 2020 sous le thème « Transparence et recevabilité dans la gestion des ressources minières au Burkina Faso ». L’objectif est de redynamiser la transparence dans le secteur minier au Burkina Faso.

Le secrétaire exécutif, Sagado Nacanabo, a expliqué que le choix du thème se justifie non seulement par l’importance stratégique de l’industrie minière pour l’économie, mais aussi par les nombreux scandales qui émaillent le secteur.

La corruption et l’évasion fiscale dénoncées par le REN-LAC

Selon le REN-LAC tous les secteurs du domaine minier sont gangrenés par le mal de la corruption. Cette organisation estime que, des concessions minières aux contrôles douaniers. Jusqu’aux contrôles douaniers, la corruption serait à tous les niveaux du secteur. Or, les recettes minières occupent une bonne place dans le budget public.

Par ailleurs, l’organisation déplore le phénomène de l’évasion fiscale. « Le Burkina est totalement victime du diktat des sociétés minières qui déclarent comme elles veulent », a expliqué Sagado Nakanabo, le secrétaire exécutif du REN-LAC. Ce dernier fonde ses analyses sur un rapport parlementaire sur les fonds miniers publié en mai. Le texte montre notamment qu’à peine plus de la moitié des fonds miniers pour le développement local ont été collectés entre 2017 et 2019.

Le REN-LAC entend donc inscrire au cœur du débat public la responsabilité des différents acteurs dans la recherche de solutions idoines pour une gestion efficiente et transparente des ressources minières au profit du peuple.

La Chambre des Mines par d’une mauvaise connaissance du secteur

De son côté, la Chambre des Mines estime qu’il n’y a pas d’évasion fiscale, mais plutôt une mauvaise connaissance des mécanismes financiers du secteur. « Les taxes et les impôts sont encadrés par la loi, donc si effectivement toutes les compagnies minières respectent la loi, il n’y a pas de raison de parler d’évasion fiscale ». C’est ce qu’a expliqué le président de la Chambre, Bamouni Toussaint.

« Nombreux sont les acteurs de la société civile qui ignorent le mécanisme de contrôle et de reporting des sociétés minières », a-t-il indiqué. « Toutes celles cotées en bourses sont à des niveaux de transparence bien au-delà des critères nationaux », a-t-il enfin estimé
Quoi qu’il en soit, le REN-LAC exhorte Roch Marc Christian Kaboré, le président de la République réélu, à se montrer plus ferme parce que « sa politique est décevante par rapport à ses promesses ». « S’il ne veut pas sortir par la petite porte, Il faut qu’il change de politique », clame Sagado Nakanabo.

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