Pesticides interdits dans l’UE : les pays européens les produisent et les exportent

Pesticides interdits dans l’UE : les pays européens les produisent et les exportent

Les pesticides interdits sur le sol européen sont tout de même exportés de l’Union européenne(UE), vers d’autres pays. Tel est le résultat d’une enquête menée par l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) suisse, Public Eye et Unearthed, la cellule enquête de Greenpeace Grande-Bretagne.

L’enquête publiée le 18 novembre révèle que, trois insecticides tueurs d’abeilles et autres insectes pollinisateurs, sont produits et exportés par une quinzaine de pays de l’UE. Or ces insecticides sont interdits en Europe depuis 2018 à cause de leurs effets dévastateurs sur les cultures, des risques de cancer, de troubles de la fertilité ou d’atteinte à l’eau et aux écosystèmes.

Le caractère néfaste des pesticides interdits

Ils sont trois insecticides (l’imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine) de la famille des néonicotinoïdes interdits depuis 2018 en Europe. Ceci, en raison de risques inacceptables pour la santé et l’environnement. En effet, trois cultures sur quatre ainsi qu’un tiers de la production alimentaire mondiale dépendent des abeilles et autres insectes pollinisateurs.

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Selon le site d’information MSN, après l’introduction de ces insecticides dans les cultures en Europe, les trois quarts des espèces volants ont disparu des campagnes. Et pourtant, ces pesticides interdits en Europe sont produits et exportés par une quinzaine de pays de l’UE. En direction de 85 pays, dont les trois-quarts sont des pays en développement ou émergents. La Belgique, la France et l’Allemagne sont en tête des exportateurs.

Géraldine Viret, porte-parole de l’ONG Public Eye, a dénoncé « une situation d’hypocrisie politique ». « On a interdit l’utilisation sur toutes les cultures en plein air de ces trois substances extrêmement dangereuses, mais on continue à permettre à l’industrie de les exporter vers d’autres pays » se désole-t-elle.

Des exportations à grande échelle

Les exportations depuis l’Europe, de ces pesticides interdits, se font dans des proportions importantes. « Ce qui nous a d’abord révoltés, c’est que les volumes sont énormes » a expliqué Géraldine Viret. « On a près de 3 900 tonnes de production de néonicotinoïdes, en quatre mois seulement, donc environ 20 millions d’hectares de cultures. Cela correspond à l’ensemble des terres arables de la France. Ce sont des surfaces énormes » a-t-elle ajouté.

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Selon l’enquête, les pays membres de l’Union européenne (UE) ont approuvé en 2018 l’exportation de 81 615 tonnes de pesticides interdits. En 2020, la Commission européenne a promis de mettre fin à l’exportation de ces pesticides interdits. Mais le poids des géants de l’agrochimie empêche toujours la prise de mesures concrètes.

Pour la porte-parole de Public Eye, « ce ne sont pas forcément les quantités qui sont réellement envoyées dans ces pays, mais c’est la source d’information la plus exhaustive qu’on ait pu avoir ». Les enquêtes sont fondées sur les notifications d’exportations qui arrivent aux autorités compétentes européennes. Géraldine Viret espère que, la volonté de l’UE d’y mettre un terme « résistera aux pressions des Etats membres qui sont dotés d’un puissant lobby des pesticides comme l’Allemagne ».

Esso A.