Prime sur le cacao: les producteurs africains déterminés face aux multinationales

Prime sur le cacao: les producteurs africains déterminés face aux multinationales occidentales

Le bras de fer engagé par les pays africains producteurs de cacao contre les multinationales du chocolat est loin de son dénouement. Le président de la chambre de commerce ivoiro-russe, Henri Doué Tai, a confié leur détermination à nos confrères du média Sputnik.

Les deux grands producteurs mondiaux de cacao (60% de la production mondiale), le Ghana et la Côte d’Ivoire, reprochent aux industriels acheteurs de la fève de ne pas respecter le montant des primes destinées aux planteurs. Il exigent ces primes sous peine de prendre des mesures de rétorsion.

Les producteurs de cacao déterminés

«Nous ne sommes plus au temps de l’esclavage. Il faut que les multinationales comprennent. Qui dit multinational, dit Union européenne, dit Amérique. Ce sont les bras circulaires économiques. Ils n’ont pas à refuser», a confié M. Doué Tai à nos confrères.

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«Il faudrait maintenant que nous comprenions les choses et que nous prenions les choses en main. Que nous déterminions le prix de nos matières premières », a-t-il ajouté. Au cas où les multinationales refusent toujours de payer ces primes aux producteurs de cacao, M. Doué appelle à couper les ponts.

«Si les multinationales n’exécutent pas leurs engagements, il faut couper le cordon ombilical. Il faut couper les liens économiques. Il faut interdire l’achat du cacao, l’exportation pour les acheteurs européens et américains», exhorte-t-il. Avant de rassurer qu’il n’y a pas que l’occident qui mange du chocolat. «L’Europe et l’Amérique n’ont pas le monopole de l’Univers. A nos chefs d’État de réfléchir et de réorienter nos affaires», a indiqué M. Doué.

Respect des engagements des multinationales

En 2019, le Conseil Café Cacao (CCC), Côte d’Ivoire, et le Cocoa Board, Ghana ont instauré une prime de 400 dollars par tonne destinée aux planteurs de cacao. Cette prime a été acceptée par les multinationales qui achètent le cacao, mais ne l’ont jamais versé. Ces multinationales évoquent la baisse de la demande mondiale suite au Covid-19 et la non application des critères de durabilité du cacao par les pays producteurs.

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Ce critère a été lancé en 2021 par le gouvernement ivoirien en partenariat avec l’Union européenne. Ce critère stipule que la Côte d’Ivoire doit respecter des règles comme la lutte contre la déforestation et la lutte contre le travail des enfants dans les plantations. Or respecter ces conditions va coûter environ 616 milliard de francs CFA à l’État. Cependant «la suppression de la prime a un impact direct sur les planteurs» expliquait Alex Assanvo, secrétaire exécutif de l’initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana.

Et selon les chiffres officiels, un grand pourcentage de producteurs vit en dessous du seuil de pauvreté. Le Ghana et la Côte avait d’ailleurs lancé un ultimatum aux multinationales jusqu’au 20 novembre pour respecter cette prime sous peine de mesures de représailles. Ils avaient aussi boycotté, fin octobre, la réunion de Bruxelles regroupant les principaux acteurs de la filière.

Edoh