Tunisie: colère du puissant syndicat UGTT face aux exigences de réformes du FMI

Tunisie: colère du puissant syndicat UGTT face aux exigences de réformes du FMI

L’exigence des réformes du FMI contre un apport de crédit à la Tunisie, a fait sortir l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) de ses gongs. La puissante centrale syndicale a mis en garde, ce mercredi 16 mars, le gouvernement contre des «réformes douloureuses».

La Tunisie a sollicité un crédit auprès du Fond Monétaire International (FMI) pour faire face à ses difficultés financières. Mais Noureddine Taboubi, sécrétaire général de l’UGTT, a exprimé sa vive inquiétude face aux exigences de réformes du FMI. Les futures négociations s’annoncent donc houleuses étant donné que l’accord de la centrale est primordiale pour l’octroi de crédit.

Les réformes du FMI rejetées par l’UGTT

Lors d’un meeting, mercredi à Tunis, Noureddine Taboubi a indiqué que « concernant les réformes douloureuses prévues par le gouvernement actuel, l’UGTT est prête à se battre contre des réformes impopulaires ». Le grief du patron de l’UGTT contre les réformes du FMI est qu’elles ne prennent pas en considération la situation socio-économique de la population.

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« Le document envoyé au FMI n’a pas pris en compte les répercussions de l’épidémie de Covid-19 et n’a pas été actualisé à la lumière des effets de la crise russo-ukrainienne », a-t-il dénoncé. En effet, le gouvernement tunisien avait demandé en 2021 un programme d’aide de 4 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros).

En échange, le FMI a réclamé des réformes « très profondes », notamment la réduction des dépenses dans les entreprises publiques, des subventions et la masse salariale du secteur public. Mais l’UGTT s’oppose à toute privatisation. « Les entreprises publiques ne sont pas à vendre et le secteur public est une ligne rouge… les réformes douloureuses, oubliez-les », a rétorqué le patron de la centrale.

Difficiles négociations en vue

Pour l’institution de Bretton Woods, l’adhésion de la société civile et des organisations professionnelles à la position de l’Etat tunisien, est nécessaire pour l’octroi de crédit. Mais la puissante UGTT avertit, « si vous voulez discuter des réformes, notre vision de la réforme est globale et profonde, et sa base est la justice fiscale ».

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La centrale est prête à empêcher la mise en œuvre des réformes du FMI et elle en a les moyens. En effet, elle a déjà fait ses preuves en réussissant à paralyser l’économie par des grèves, obligeant des gouvernements successifs à abandonner leurs politiques en Tunisie. L’UGTT revendique plus d’un million de membres.

Aussi les bailleurs de fonds internationaux ont indiqué que ces réformes ne seront pas crédibles si elles ne bénéficient pas du soutien de l’UGTT. Et sans accord avec le FMI, difficile d’avoir un accompagnement de ces bailleurs. Mais pour l’UGTT, les réformes du FMI doivent prendre en considération la situation économique et sociale du pays.

Edoh