Sanctions de la Cedeao: à Addis Abeba, l’UA ajoute à la confusion

Sanctions de la Cedeao: à Addis Abeba, l’UA ajoute à la confusion

Les 5 et 6 février se tenait à Addis Abeba capitale de l’Ethiopie, le 35e sommet de l’Union africaine (UA). Bien entendu, la situation politique dans plusieurs pays africains était au menu des débats.

Le constat est à la solidarité des chefs d’Etats africains au cours de ce sommet. Ils ont été unanimes pour condamner les coups d’Etats à répétition sur le continent. Et ont soutenu les sanctions de la Cedeao, notamment contre le Mali. Une démarche, certes louable, mais qui fait l’économie d’une analyse objective et d’un diagnostic profond du mal africain.

L’UA dans les pas de la Cedeao

L’UA « ne tolérera aucun coup d’État militaire sous quelque forme que ce soit », a déclaré Bankole Adeoye dirigeant du Conseil de paix et de sécurité. Il a précisé que lors de la réunion de l’instance, « chaque dirigeant africain de l’assemblée a condamné sans équivoque (…) la vague de changements anticonstitutionnels de gouvernement». D’où la suspension de tous ces pays.

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M. Bankole constate qu’ « à aucun moment dans l’histoire de l’Union africaine, nous n’avons eu quatre pays suspendus en 12 mois: le Mali, la Guinée, le Soudan et le Burkina Faso». Des propos qui font écho à ceux tenus samedi, par le président de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, évoquant une «funeste vague» et qui ont pour lui des «liens de causalité connus avec le terrorisme ».

Quant au nouveau président en exercice de l’union, le président sénégalais, Macky Sall, il estime que l’organisation doit soutenir sans équivoque les sanctions prises par la Cédéao, notamment à l’égard du Mali. Il a aussi plaidé pour que l’Union africaine se dote de textes encore plus « rigoureux », encore plus « durs ». Un choix difficilement compréhensible dans la mesure ou, il a prouvé son inefficacité dans le cadre de la Cedeao, dont les décisions sont de plus en plus ambigues.

Des sanctions contre-productives et variables

Lorsque l’UA opte pour le soutien aux sanctions de la Cedeao, c’est pour marquer son opposition aux coups d’Etat. Or en terme de sanctions, le Mali est le pays qui a été le plus servi, contrairement aux autres pays dont la situation politique est similaire. La dernière qui laisse plus perplexe est le cas burkinabè. Le pays a connu un coup d’Etat comme au Mali, mais a échappé aux sanctions en dehors de sa suspension.

Macky Sall, Président de l’Union Africaine

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Que reproche donc la Cedeao aux putschistes maliens et qu’elle ne trouve pas à reprocher à ceux du Burkina. Ces derniers bien conscients que l’organisation chercherait un retour à l’ordre constitutionnel dans les plus brefs délais n’ont pas hésiter à prendre les devants. Sûrement pas pour 18 mois. Le scénario est semblable en Guinée où jusqu’alors, il n’existe pas de réel chronogramme de la transition. Quand la Cedeao et l’UA, proclament leur attachement au retour à l’ordre constitutionnel, le ton semble différer selon les pays.

Un cas encore plus alarmant est celui du Tchad, qui concerne encore plus l’Union Africaine. La situation dans ce pays semble désormais entérinée par l’organisation qui laisse les nouveaux dirigeants plus ou moins libres de leurs choix. Aussi, au lieu d’adopter une position dure comme sa consoeur de la sous-région, l’instance africaine ne gagnerait-elle pas en choisissant la voix des pourpalers, puisque les sanctions n’ont jamais empêché les coups d’Etats. De plus, il serait aussi judicieux de réfléchir aux modes de gouvernance ainsi qu’au nombre de mandats en Afrique qui sont des poudrières qui font le plus souvent dégénérer les situations.

Esso A.