Tanzanie : arrestation du chef de l’opposition Freeman Mbowe, la démocratie toujours en souffrance

Tanzanie , arrestation du chef de l'opposition Freeman Mbowe, la démocratie toujours en souffrance

En Tanzanie, le président du principal parti d’opposition, Freeman Mbowe a été arrêté dans la nuit du mardi à mercredi. L’annonce a été faite mercredi par son parti Chadema. Avec lui, dix autres membres du parti ont été arrêtés à Mwanza (nord-ouest) où ils prévoyaient un rassemblement.

Freeman Mbowe et ses collègues prévoyaient donner une conférence mercredi, malgré l’interdiction des rassemblements, pour réclamer au gouvernement en place, une réforme constitutionnelle.

Freeman Mbowe, emmené dans un lieu inconnu

C’est un communiqué du parti Chadema sur Twitter, signé par son directeur de la communication, qui a annoncé que « Freeman Mbowe a été abordé par une armée d’officiers de police à son arrivée à l’hôtel à 02h30 du matin et a été arrêté avec d’autres leaders ».

Le lieu où le chef de l’opposition est emmené n’est pas connu tandis que « les autres leaders ont été emmenés au commissariat de Mwanza ». Chadema exige de la police tanzanienne que soient révélés les motifs de son arrestation et son lieu de détention.
Chadema dénonce ces arrestations qui « sont des signes que la dictature qui existait sous le règne du président John Magufuli se poursuit ».

Le parti fait référence à l’ancien chef d’Etat John Magufuli, décédé quelque mois après sa réélection en octobre 2020.

La présidence du défunt surnommé le « Bulldozer », avait été marquée par un virage autoritaire, avec des attaques répétées contre l’opposition et un recul des libertés fondamentales, dénoncés par des organisations de défense des droits humains.

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Récurrence des arrestations des opposants

A la suite des élections d’octobre 2020, qui ont consacré la réélection de Magufuli, l’ONU a recensé au moins 150 membres et dirigeants de l’opposition arrêtés dans les semaines qui suivirent le scrutin. Ces derniers avaient dénoncé des fraudes massives et contesté les résultats des élections.

Freeman Mbowe et son collègue du Chadema, Tundu Lissu, faisaient partie des arrêtés. Ce dernier était le candidat du parti à ces élections. Les deux leaders avaient été ensuite libérés sous caution. M. Lissu s’est ensuite réfugié en Belgique, disant craindre pour sa vie.

Le candidat malheureux à la présidentielle n’était pas à ses premiers malheurs. En 2017, il était sorti vivant d’une tentative d’assassinat après avoir reçu plusieurs balles. Quant au chef du parti Freeman Mbowe, il avait aussi été embastillé à plusieurs reprises. Entre fin 2018 et début 2019, il avait été en détention pour trois mois, poursuivi pour manifestations illégales, selon Tv5monde.

Ces répressions remarquées sous Magufuli semblaient choses du passé, à l’investiture de sa vice-présidente madame Samia Suluhu Hassan, après la mort du président. Elle s’était engagée à défendre la démocratie et les libertés fondamentales.
Malgré ces arrestations, Freeman Mbowe et son parti semblent déterminés à continuer d’exiger des réformes politiques.

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Esso A.