Procès de l’assassinat de Thomas Sankara : le Burkina veut mettre fin à la culture de l’impunité

Procès de l’assassinat de Thomas Sankara : mettre fin à la culture de l’impunité

C’est ce lundi11 septembre, qu’a démarré le procès de l’assassinat de Thomas Sankara. 34 ans après le meurtre du « père de la révolution burkinabée », 12 présumés auteurs comparaissent ce matin à Ouagadougou. Même si deux principaux accusés sont absents, c’est l’occasion de mettre fin à la culture de l’impunité, selon la veuve de Sankara.

Le procès a déjà débuté avec la présence de 12 inculpés sur 14. Le principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré, est en exil à Abidjan, depuis sa chute en 2014. Sur conseil de son avocat, il a refusé de prendre part au procès. Le second Hyacinthe Kafando, ex-chef de la sécurité de Compaoré, a fui le Burkina.

Un difficile procès

Le procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons a été ouvert ce matin à 09heures. Il se tient devant un tribunal militaire, transporté dans la salle des Banquets de Ouaga 2000, pour des raisons de logistique. L’ouverture de ce procès est le fruit d’une longue lutte et de concours de circonstances.

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En effet, Thomas Sankara et ses compagnons ont été tués le 15 octobre 1987 et Blaise Compaoré qui a pris le pouvoir, a tout fait pour enterrer le dossier. Les nouvelles autorités ont refusé l’ouverture de toute enquête à ce sujet. Mais la détermination de la veuve de Sankara à faire toute la lumière sur l’assassinat de son mari n’a pas de limite. C’est elle qui porte plainte contre X en 1997 pour éviter que l’affaire soit prescrite.

La révolution populaire de 2014 est venue donner un coup de pouce aux efforts de Mariam Sankara. Après le renversement de Blaise Compaoré, un juge ouvre une enquête en 2015, et auditionne la veuve de Sankara. Après, c’est six années qui se sont écoulées pour l’instruction de l’affaire. Ce qui a débouché sur la première audience du procès de l’assassinat de Thomas Sankara.

Faire du procès de l’assassinat de Tomas Sankara un, exemple

Mariam Sankara, qui s’est toujours battue pour que la vérité soit faite sur le meurtre de son défunt mari, attend beaucoup de ce procès. Elle a confié à Rfi que le procès de l’assassinat de Thomas Sankara doit lancer un signal fort « pour que on ne tue plus impunément au Burkina Faso et dans d’autres pays ». Ce sera aussi un signal de la fin de « la culture d’impunité et les violences politiques qui sévissent en Afrique, malgré les démocraties de façade ».

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Elle appelle aussi le principal accusé, l’ancien président, à « assumer ses actes » et à ne pas « fuir ». C’est le même son de cloche au sein de la population burkinabè. Beaucoup recherchent la vérité même si certains appellent au pardon. Pour éviter un débordement, vu l’importance du sujet, un dispositif sécuritaire renforcé a été mis en place autour de la salle des Banquets de Ouaga 2000 durant toute la durée du procès.

Mais l’ancien président Compaoré, principal accusé, a fait part de son refus de participer au procès de l’assassinat de Thomas Sankara. Son avocat a défendu cette position en arguant du fait que le Burkina Faso n’a pas les moyens d’organiser un procès équitable. Toutefois, cette absence au procès ne fait qu’aggraver la situation pour Compaoré quant au sait qu’un accusé absent à son procès est passible de la plus lourde peine en cas de culpabilité.

Esso A.