Dialogue politique au Burundi: le pouvoir au cœur d’un rapport équilibré de l’ONU

Dialogue politique au Burundi: le pouvoir au cœur d'un rapport équilibré de l'ONU

Le Dialogue politique au Burundi a fait l’objet d’un rapport équilibré de l’ONU, publié ce mardi 10 novembre. Il fait suite à la large victoire au Burundi du président Évariste Ndayishimiye lors de l’élection présidentielle du 20 mai 2020. Un résultat immédiatement qualifié de « mascarade électorale » par le parti de son principal adversaire Agathon Rwasa. Pour éviter le pire, l’ONU s’est une fois encore invitée dans le dossier. Ce rapport est très attendu. Il a été question d’évaluer la situation à la faveur de l’élection d’un nouveau président en mai de cette année.

Selon les sources onusiennes, ce rapport est suffisamment modéré. Ce qu’on peut retenir, c’est que le Secretaire général de l’ONU, Antonio Guterres, recommande au Conseil de sécurité de garder le statu quo jusqu’à fin 2021. Ceci, avant de remplacer le bureau actuel de l’envoyé spécial pour le Burundi par un autre mécanisme qui sera négocié entre les deux parties. Mais, ce rapport semble ne pas recevoir écho favorable chez l’opposition.

Difficile dialogue politique au Burundi

Même si ce rapport n’épingle pas le pouvoir du général Évariste Ndayishimiye, il ne lui est pas totalement favorable.

Cette recommandation du Secrétaire général de l’ONU relative au dialogue politique au Burundi passe mal pour Gitega. En effet, Gitega estime que la page de la crise de 2015 a été définitivement tournée depuis l’accession au pouvoir du général Évariste Ndayishimiye. Ce qui le pousse à exiger « à cor et à cri, depuis des mois, son retrait de l’agenda du Conseil de sécurité ».

Malgré ce petit désaccord, nombreux points de ce rapport semblent satisfaire le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), au pouvoir au Burundi. Le Secrétaire général de l’ONU juge, dès les premières lignes de son rapport, que le processus électoral de mai dernier a été « globalement pacifique » et que toutes les parties prenantes en ont accepté les résultats.

Par ailleurs, M. Antonio Guterres a été très réconfortant. Il se réjouit dans son rapport de la volonté d’ouverture des nouvelles autorités. Il s’est aussi estimé heureux de nombreux progrès réalisés dans le pays. Mais, il pique « une situation restée fragile ». « Des éléments essentiels qui garantiraient une paix et une stabilité durables au Burundi restent sans réponse », insiste-t-il

La balle est donc clairement dans le camp du pouvoir burundais selon Guterres pour l’amorce d’un sincère dialogue politique au Burundi.

L’opposition regrette la position de l’ONU

Pour l’opposition, la position du SG de l’ONU n’est pas de nature à réjouir, car elle constitue une légitimation du pouvoir burundais. Ceci, au détriment de l’opposition.
Le Conseil national pour la liberté (CNL) d’Agathon Rwasa a d’ailleurs déploré cette prise de position. Il évoque le fait que des centaines de ses militants ont été jetés en prison et qu’il n’a jamais reconnu des résultats. Il s’agit pour l’opposant Agathon Rwasa « d’un hold-up électoral ».

Par ailleurs, l’opposition regrette le fait que les Imbonerakures, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, ne sont plus accusés. Car, plusieurs autres rapports les avaient accusés de graves violations des droits de l’homme. Antonio Guterres note qu’il « reste un point de controverse » dans le pays. Il propose une aide de l’ONU pour « leur réinsertion socio-économique ».

Enfin, le SG de l’ONU suggère de passer à un dialogue politique au Burundi. Lequel sera « dirigé et contrôlé par » le pouvoir. Ceci, « avec l’appui de la communauté internationale ». Pour l’opposition, cette suggestion est la conséquence du constat de l’échec du dialogue inter burundais sous les auspices de la Communauté des États d’Afrique de l’Est. Cela répond aux vœux exprimés par Gitega depuis cinq ans.

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