Conseil de sécurité de l’ONU : 4 sièges supplémentaires pour l’Afrique, réalité ou utopie ?

Conseil de sécurité de l’ONU , 4 sièges supplémentaires pour l’Afrique, réalité ou utopie ?

Depuis mardi, s’est ouverte aux Etats-Unis, la 76e Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Premier dirigeant africain à s’exprimer, Félix Tshisekedi a soumis plusieurs doléances pour le continent.

Félix Tshisekedi est le président de la République Démocratique du Congo et président en exercice de l’Union Africaine. A la tribune de l’ONU, le président a plaidé pour une meilleure représentation de l’Afrique au conseil de sécurité de l’Institution. Un vœu qui vraisemblablement restera pieux.

Une Afrique plus forte à l’ONU

Pendant près de trente minutes, le président congolais n’a pas mâché ses mots. Malgré les soubresauts politico-militaires qui secouent l’Afrique, M. Tshisekedi a rassuré que « le processus de démocratisation reste irréversible » sur le continent. Concernant la sécurité, il a affirmé que « l’Afrique refusait de devenir la base du terrorisme international » et a réclamé une « stratégie mondiale contre le terrorisme ».

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Mais plus encore, le président congolais a insisté sur la représentativité du continent dans l’organe le plus stratégique de l’ONU, le conseil de sécurité. Il a réclamé quatre places pour l’Afrique au sein de ce conseil. Pour lui, « il s’agit d’une question d’efficacité de l’ONU et d’une justice à rendre à un continent, mieux à un pan entier de l’humanité ». Ces sièges seront répartis comme suit : deux dans la catégorie des membres non permanents et deux dans les membres permanents avec droit de veto.

Pour rappel le conseil de sécurité de l’ONU est composé de quinze membres dont cinq permanents qui disposent du droit de veto, et dix non permanents. Ces derniers sont élus par l’Assemblée Générale pour deux ans. L’Afrique dispose de trois sièges dans cette catégorie et est représenté actuellement par le Kenya et le Niger et la Tunisie.

Une injustice qui risque de perdurer

Karim Lebhour, ancien correspondant de TV5Monde à l’ONU, estime que trois sièges non permanents au conseil de sécurité de l’ONU « est très peu pour un continent comme l’Afrique ». En effet, le continent est surreprésenté à l’ONU quant au nombre de dossiers que l’institution gère. Le journaliste renseigne que quotidiennement, le continent africain occupe 70 à 80% des dossiers à l’ONU. De la Monusco en République Démocratique du Congo en passant par les missions de maintien de la paix en Centrafrique, en Somalie et autres.

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Le débat autour de la réforme du conseil de sécurité de l’ONU « est un serpent de mer ». Voilà près de vingt ans que le sujet est évoqué mais jamais tranché. Concernant l’Afrique la question est de savoir s’il faut élargir sa représentation et surtout si elle doit devenir permanente. Mais le problème est que des groupes de pays se sont crées avec chacun ses idées sur ce que devraient être ces réformes. Est-ce que ces nouveaux sièges permanents doivent avoir un droit de véto ou doit-on abandonner le droit de véto. Les pays africains n’arrivent pas à s’entendre sur lesquels des leurs, devait occuper ces sièges permanents. Entre des géants comme l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Egypte, l’Ethiopie, le choix est difficile et les pays n’arrivent toujours pas à s’entendre.

Ce problème n’est pas qu’africain. Des pays comme la Corée ne veut pas que le Japon ait un siège permanent, l’Argentine et le Mexique également ne veulent pas voir le Brésil avec un siège permanent. Toutes ces mésententes, selon Karim Lebhour, profitent aux cinq membres permanents qui se contentent du statuquo. Il n’est donc pas évident que l’appel de Félix Tshisekedi ait des conséquences, dans la mesure où une solution acceptable par tous n’est pas encore trouvée.

De plus en ce qui concerne l’Afrique, le poids économique ne va pas en son avantage. Avec une contribution de 0.01% au budget de l’ONU, difficile pour ce continent d’imposer ses points de vue aux pays qui contribuent au-delà de 20%.

Esso A.