Liban : ce qu’il faut savoir sur la nouvelle démission du premier ministre Saad Hariri

Liban , ce qu’il faut savoir sur la nouvelle démission du premier ministre Saad Hariri

Désigné pour former un gouvernement capable de sortir le Liban de la crise socio-économique qui l’étrangle, le premier ministre Saad Hariri, a préféré assumer son échec en démissionnant encore une fois. Il en a fait l’annonce ce jeudi 15 juillet. Son incapacité à former un nouveau gouvernement est dû à différents facteurs.

Saad Hariri, premier ministre démissionnaire en 2019 sous la pression de la rue, a été désigné en octobre 2020, après la démission de son prédécesseur suite aux explosions à Beyrouth. Ce drame a exacerbé la crise que traversait le pays.

L’urgence de la situation

Confronté à la pire crise de son histoire, le Liban a vu sa situation économique aller de mal en pire ces derniers temps. Dans un rapport publié en juin, la Banque Mondiale informait que cette crise pourrait être la pire au monde depuis la moitié du 19e siècle. Elle explique cette situation par la corruption et à la mauvaise gestion de l’élite politique du pays.

Et la pandémie n’a pas arrangé les choses. A cela s’est ajouté une explosion dévastatrice au port de Beyrouth en août dernier, un drame qui a fait plus de 200 morts et détruit des quartiers entiers de la capitale. Ce qui a entrainé la démission du gouvernement et le retour de Saad Hariri comme premier ministre désigné.Liban , ce qu’il faut savoir sur la nouvelle démission du premier ministre Saad Hariri

Saad Hariri avait pour mission de vite former un gouvernement capable de mener les réformes auxquelles l’aide proposée par le Fonds Monétaire Internationale (FMI) est conditionnée. Son expérience en tant qu’ancien premier ministre du Liban a sûrement joué dans sa désignation, chapotée par le président Michel Aoun. La pression était donc forte et il fallait aussi gérer les divergences dans la classe dirigeante.

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Des désaccords entre Saad Hariri et le président Michel Aoun

Il était connu que le premier ministre Saad Hariri avait des points de mésentente avec son président Michel Aoun. Cela a même été affiché en public, au cours d’une passe d’armes, en mars dernier.

D’après lefigaro.fr, Saad Hariri reprochait au président d’entraver la formation du gouvernement en insistant sur une « minorité de blocage » au sein de la prochaine équipe ministérielle et en cherchant à imposer une répartition « confessionnelle et partisane » des portefeuilles. Ce que la présidence a démenti. Le choix du premier ministre porte plutôt sur un gouvernement de technocrates.

En annonçant sa démission, Saad Hariri a même révélé que lors de sa rencontre avec le président, il s’est opposé à la volonté de ce dernier d’apporter des changements à la liste du gouvernement. « Il est clair que la position (de Michel Aoun) n’a pas changé sur le sujet et que nous ne serons pas en mesure de nous mettre d’accord. C’est pourquoi je me suis excusé de ne pas pouvoir former le gouvernement, que Dieu aide le pays », a-t-il indiqué.

Avant Saad Hariri, Moustapha Adib, un diplomate nommé fin août pour former un gouvernement, avait lui aussi échoué face à la résistance des partis à sa proposition de cabinet.

Les divergences entre les barons politiques libanais, dont le départ est exigé par la population, n’ont pas fini d’enfoncer le pays. En attendant la désignation d’un autre premier ministre, le pays sera surement dirigé par l’ancienne équipe démissionnaire avant Saad Hariri, mais qui expédiait les affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouveau cabinet.

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Esso A.