France : toute la classe politique salue la mémoire du grand réformateur Giscard d’Estaing

La classe politique salue la mémoire de Giscard Estaing

Giscard Estaing, l’ancien président de la Ve République élu en 1974, est décédé mercredi à l’âge de 94 ans. Il est issu du centre-droit libéral et démocrate-chrétien qui a bâti l’Europe d’après-guerre. L’annonce du décès de Giscard Estaing ce mercredi suscite une pluie de réactions et d’hommages dans la classe politique française.

Depuis l’annonce de son décès ce mercredi soir, les hommages affluent saluant, comme en écho, le « modernisateur » du pays qu’il souhaitait incarner. Qui fut Giscard Estaing ?

Qui fut Giscard Estaing ?

Valéry Giscard d’Estaing communément appelé « Giscard » ou désigné par ses initiales, « VGE » est né le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne). Il est notamment président de la République française du 27 mai 1974 au 21 mai 1981.

Inspecteur des finances, il est élu député du Puy-de-Dôme à partir de 1956. Sous la présidence du général de Gaulle, secrétaire d’État aux Finances (1959-1962) puis ministre des Finances et des Affaires économiques (1962-1966). Après son éviction du gouvernement, il avait exprimé ses réserves envers le pouvoir gaulliste, en particulier lors du référendum de 1969, pour lequel il appelle à voter « non ».

Il a occupé à nouveau la fonction de ministre de l’Économie et des Finances sous la présidence de Georges Pompidou, de 1969 à 1974. Parallèlement, il a dirigé les Républicains indépendants, qui constituent la deuxième composante de la majorité de droite.

Candidat à l’élection présidentielle de 1974, il a éliminé au premier tour le gaulliste Jacques Chaban-Delmas et l’emporte au second tour face au candidat de l’Union de la gauche, François Mitterrand. À 48 ans, il devient le plus jeune président de la République depuis 1895. Prônant une « société libérale avancée », il a fait voter l’abaissement de la majorité civile, la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, le divorce par consentement mutuel, l’élargissement du droit de saisine du Conseil constitutionnel et la fin de la tutelle de la télévision publique.

Sous Giscard Estaing, la politique étrangère française a été marquée par le renforcement de la construction européenne ainsi que par l’implication militaire de la France dans la bataille de Kolwezi (Zaïre) et dans l’opération Caban (Centrafrique) renversant l’empereur Bokassa, qui sera à l’origine de l’« affaire des diamants ».

En initiant le projet de train à grande vitesse (TGV) et en relançant l’industrie nucléaire, il a été confronté à des difficultés économiques, les Trente Glorieuses touchant à leur fin.

En 1976, après la démission de Jacques Chirac, il a nommé à la fonction de Premier ministre l’économiste Raymond Barre, qui mène une politique de rigueur jusqu’à la fin de son septennat. En particulier en matière d’immigration, il se montre conservateur, créant un contraste avec son image de libéral dans d’autres domaines.

Bien que sa majorité de droite ait remporté les élections législatives de 1978 et qu’il ait longtemps été donné réélu pour un second mandat, il a été battu par François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981. Ceci, notamment en raison des réticences du RPR de Jacques Chirac à le soutenir.

Par la suite, il a été réélu à l’Assemblée nationale et devient président du conseil régional d’Auvergne. Élu à la présidence de l’Union pour la démocratie française (UDF), dont il est le fondateur, il est l’un des principaux dirigeants de l’opposition au pouvoir socialiste. Fervent partisan de la construction européenne, il a été député européen puis président de la Convention sur l’avenir de l’Europe. Il se retira en 2004 de la vie politique pour siéger au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit et à vie en tant qu’ancien président de la République.

Auteur de plusieurs essais et romans, il est élu en 2003 à l’Académie française.
En 2017, il devient le président de la République française à la plus grande longévité. Il meurt des suites du Covid-19, à l’âge de 94 ans.

Une pluie d’hommages à Giscard Estaing

Après le décès de Giscard Estaing, les hommages se multiplient. Dans un long communiqué nécrologique, Emmanuel Macron salue le progressiste qui pendant sept ans, « transforma la France » : « Son mandat fut un intense moment de réformes », a-t-il souligné.

« Celui qu’on appelait désormais VGE ou plus simplement Giscard sut moderniser la fonction de chef de l’État et « regarder la France au fond des yeux » », a-t-il ajouté. « Les orientations qu’il avait données à la France guident encore nos pas », conclut le président. « Serviteur de l’État, homme politique de progrès et de liberté, sa mort est un deuil pour la Nation française. », a indiqué Macron.

Nicolas Sarkozy, a exprimé sa « grande tristesse », sur Twitter, saluant « un homme qui a fait honneur à la France, un homme pour qui j’ai éprouvé de l’admiration et avec qui j’ai toujours eu plaisir à débattre ».

Pour François Hollande, « Giscard Estaing demeurera le président qui a modernisé la France. (…) Aujourd’hui, notre pays perd un homme d’État qui a fait le choix de l’ouverture au monde et qui pensait que l’Europe était la condition pour que la France soit plus grande. »
Modernité encore et toujours dans la bouche de l’ancien chef du gouvernement, Jean-Pierre Raffarin :

Le chef centriste François Bayrou (président du MoDem) a salué en Giscard Estaing un président qui « a fait souffler un grand vent de modernité sur la société française ». L’élu du Béarn et ancien ministre de l’Éducation fit avec lui ses premiers pas en politique et qui fut son successeur à la tête du parti centriste UDF.

Sur Twitter, présidente du Rassemblement national et candidate à la prochaine présidentielle, s’est aussi exprimé à travers son compte Twitter: « Condoléances aux proches de Giscard Estaing. Président d’une France en crise, il fut l’artisan de nouvelles libertés publiques et un ardent soutien du progrès technologique. En 2018, il confessa que sa plus grande erreur fut d’instaurer le regroupement familial. »

Christian Jacob, président des Républicains, a de son côté rendu « hommage au président Giscard Estaing qui aura incontestablement marqué de son empreinte la Vème République. Il œuvra avec conviction et détermination à la modernisation de notre société ».

Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris et Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE avec le Royaume-Uni ont aussi rendu des hommages à l’illustre disparu.