Tunisie : le président Kaïs Saïed reste seul maître à bord

Tunisie : le président Kaïs Saïed reste seul maître à bord

Après avoir mis sous l’éteignoir le parlement et le pouvoir judiciaire, le président tunisien Kaïs Saïed vient de prolonger le gel du pouvoir législatif. Les nouvelles mesures annoncées, lui donnent la latitude de gouverner sans contrainte.

Le 25 juillet dernier, le président Kaïs Saïed s’était arrogé les pleins pouvoirs, en limogeant le premier ministre, suspendant le parlement et reprenant en main le pouvoir judiciaire. Sa nouvelle décision de prolonger la suspension du parlement fait de lui le seul maître à bord, malgré la nomination, en octobre, de Najla Bouden au poste de premier ministre.

Kaïs Saïed prolonge ses pleins pouvoirs

Dans un discours à la nation prononcé le lundi 13 décembre, le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé la prolongation de la suspension du parlement qu’il avait édicté il y a quelques mois. Le parlement restera suspendu jusqu’aux prochaines élections législatives en décembre 2022. Une façon voilée d’annoncer la dissolution de la chambre actuelle.

Lire aussi: Limogeage de Hichem Mechichi : coup d’Etat orchestré par le président tunisien ou pas?

Les futures élections législatives auront lieu « sur la base d’une nouvelle loi électorale » a précisé le président. « A partir du 1er janvier jusqu’au 20 mars », une série de « consultations populaires » portant sur des amendements constitutionnels et électoraux aura lieu, en ligne, dans le pays.

Ces « réformes constitutionnelles et autres seront soumis à référendum le 25 juillet 2022, jour anniversaire de la proclamation de la République » a indiqué Kaïs Saïed. Le 25 juillet sera aussi l’an 1 des pleins pouvoirs qu’il s’est érigé. Avec ces nouvelles mesures, le président conforte sa main mise sur les différents pouvoirs du pays.

Eliminer tout obstacle

Elu à la surprise générale, au suffrage universel en fin 2019, Kaïs Saïed jouit d’une grande popularité au sein la population tunisienne. Il symbolisait la rupture avec l’échec des politiques menées par les différents gouvernements qui se sont succédés après la révolution de 2011. Mais ce constitutionnaliste, devenu président à 61 an, s’est heurté au système parlementaire mixte dans lequel il n’a que des prérogatives limitées.

Lire aussi: Tunisie : Najla Bouden Romdhane, la nouvelle cheffe du gouvernement

Ce système est garanti par la constitution adoptée en 2014 pour rompre avec les méthodes de l’ancienne dictature de Ben Ali, tombé en 2011. Les législatives n’ont pas permis de dégager une majorité absolue à l’assemblée. Ce qui a conduit à des accrochages entre le président Kaïs Saïed et le parti Ennahdha, principal parti au parlement. Cette crise politique qui a duré des mois, exacerbée par la crise sanitaire liée au Covid-19, a entrainé des manifestations dans le pays, ouvrant un boulevard au président.

Ce dernier a évoqué le 25 juillet, l’article 80 de la constitution, notamment la raison d’un « péril imminent », pour s’arroger les pleins pouvoirs. Le nouveau premier ministre qu’il a nommé, l’universitaire, Najla Bouden, dispose de pouvoirs restreints. Le président veut donc modifier la constitution qui n’est pas fonctionnelle puisque « le peuple ne peut plus exercer sa souveraineté ». Et Kaïs Saïed a prévenu, « il n’y aura jamais de retour en arrière ».

Esso A.