Expulsion des ambassadeurs : la Turquie, voisin agitateur de l’occident

Expulsion des ambassadeurs : la Turquie, voisin agitateur de l’occident

Alors qu’elle frappe à la porte de l’Union Européenne, la Turquie ne cesse de montrer les muscles face à ses voisins. Le dernier coup de pression est la menace faite ce weekend par le président turc, d’expulser dix ambassadeurs européens et américains.

La menace du président turc, fait suite au soutien que les pays de ces ambassadeurs ont accordé à un opposant emprisonné en Turquie. Si cette expulsion devient effective elle précipiterait une relation déjà tendue entre le pays et ses voisins occidentaux.

Les ambassadeurs « persona non grata » en Turquie

« J’ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de déclarer au plus vite ces dix ambassadeurs persona non grata », a affirmé le chef de l’Etat samedi, lors d’un déplacement dans le centre de la Turquie. Avant d’ajouter qu’ils « doivent connaître et comprendre la Turquie ». Et de menacer, « ils devront quitter » le pays « s’ils ne le connaissent plus ».

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Le président Erdogan reproche à ces ambassadeurs le soutien de leurs pays d’origine à un homme d’affaire, Osman Kavala, détenu sans condamnation depuis fin 2017, en Turquie. En effet le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les États-Unis avaient publié un communiqué appelant à un « règlement juste et rapide de l’affaire » Osman Kavala.

M. Erdogan reproche à cet opposant et figure majeure de la société civile, de chercher à déstabiliser le pays. Raison de sa colère suite à la déclaration de ces pays. Mais si cette menace venait à être mise à exécution, elle compliquerait d’avantage les relations entre la Turquie et ses voisins.

Des relations souvent tendues

Alors qu’elle tente depuis 1987, d’intégrer l’Union Européenne, la procédure d’adhésion de la Turquie a été ralentie par les mesures de répression prises par Ankara à la suite de la tentative de coup d’Etat de 2016. Pour l’UE, ces mesures étaient disproportionnées. De plus, les ambitions de la Turquie hors de ses frontières, le mettent en rivalité avec ses voisins.

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L’exemple des forages réalisés par Ankara en 2020 en méditerranée orientale, dans des eaux revendiquées par la Grèce et Chypre, à la recherche de nouveaux gisements gaziers. Son intervention armée en Syrie et en Lybie a exposé ses ambitions de grandeur dans ses relations avec l’occident.

Des tensions existent également avec les Etats-Unis à propos d’avions de chasse F-35, payés et non livrés, mais aussi sur une commande de pièces pour les F-16 ainsi que sur l’achat d’un système de défense russe S-400 malgré l’appartenance de la Turquie à l’Otan.

Cette expulsion, peu probable, mettrait donc davantage à mal les relations entre la Turquie et ces différents pays. Néanmoins, Erdogan dispose d’une arme dissuasive, ce sont les réfugiés à cause desquels Bruxelles a dû passer en 2016, un accord migratoire avec Ankara, considéré comme le point de passage de ces réfugiés vers l’Europe.

Edoh