Burkina-Faso : le CDP, parti de Blaise Compaoré, lui glisserait-il entre les doigts ?

Burkina-Faso : le CDP, parti de Blaise Compaoré, lui glisserait-il entre les doigts ?

Contre vents et marées, le congrès du CDP (Congrès pour la démocratie et le Progrès) s’est tenu ce weekend du 18 et 19 décembre. Le parti de Blaise Compaoré confronté, depuis quelques semaines, à une crise interne a réussi à redresser la barque.

Alors qu’une fronde s’était constituée contre la tenue de ce congrès ordinaire et contre le président actuel du CDP, le parti de l’ancien président du Burkina s’est donné un nouveau souffle au cours de ce congrès. Réélu pour un nouveau mandat, le président du CDP Eddie Komboïgo, veut donner une nouvelle image à son parti.

Un congrès sur fond de crise interne au CDP

Initialement prévu pour les 4 et 5 décembre 2021, le huitième congrès ordinaire du CDP avait été suspendu après une action en justice de certains membres du bureau exécutif. Ces derniers se basaient sur une lettre de Blaise Compaoré, fondateur il y a 25 ans, du parti. Il appelait dans sa lettre, à la suspension du Congrès.

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En effet, les frondeurs reprochaient au président actuel Eddie Komboïgo, une « indiscipline caractérisée » et une défiance envers l’ancien chef de l’État en exil en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré. Ce dernier, « président d’honneur » du CDP, aurait même exigé dans sa lettre que Komboïgo « vienne d’abord prendre langue avec lui avant une reprogrammation du congrès ».

Mais l’action en justice perdue en appel, Komboïgo a reconvoqué le congrès pour ces 18 et 19 décembre. Chose à laquelle se sont opposés les frondeurs en décidant, la veille de l’ouverture, de suspendre le président pour six mois. Lui reprochant d’avoir voulu « passer en force » et organiser ce congrès contre leur avis et contre les statuts du parti.

Eddie Komboïgo, nouveau homme fort du CDP

Le président sortant du CDP, Eddie Komboïgo, était bien présent à l’ouverture du 8e congrès ordinaire du parti, le 18 décembre. Avec lui, quelque centaine de militants et militantes « venus des 45 provinces du Burkina Faso ». Le président sortant, candidat à sa propre réélection se disait confiant et avoir « vraiment envie de se représenter ».

Eddie Komboïgo, Président du CDP

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Malgré sa suspension par d’autres membres du bureau exécutif, Komboïgo a été réélu à l’unanimité, pour un nouveau mandat de quatre ans à la tête du parti. Un nouveau bureau de 89 membres a été mis en place. Quant aux sept membres frondeurs de l’ancien bureau, ils ont été suspendus pour six mois. Rfi rapporte qu’on leur reproche d’avoir cherché à « avoir une mainmise sur le chef de file de l’opposition » et utiliser le parti comme instrument d’un mouvement insurrectionnel.

Blaise Compaoré n’a pas aussi échappé au règlement de compte. Bien qu’il conserve son titre de président d’honneur, l’ensemble de ses attributions lui sont retirées. Il n’aura plus d’influence sur le fonctionnement du parti. Le congrès a même envisagé le changement de nom et du logo du CDP. Une commission s’y penchera en recueillant l’avis de la base. Le président Komboïgo, rêve d’un parti plus fort, en phase avec les réalités socio-politiques du pays.

Esso A.