Municipales en Afrique du Sud : le purgatoire pour Ramaphosa et l’ANC ?

Municipales en Afrique du Sud , le purgatoire pour Ramaphosa et l’ANC ?

Plus de 26 millions d’électeurs iront aux urnes pour les élections municipales en Afrique du Sud, le 1er novembre prochain. Ces élections dont les campagnes ont déjà démarré, constitueront un baromètre pour jauger le poids réel et actuel de l’ANC, au pouvoir depuis la fin de l’Apartheid.

Durant 27 ans, le parti de l’ancien président Nelson Mandela a gardé sa place politique sur l’échiquier sud-africain. Mais ces dernières années, le Congrès national africain, victime des scandales de certains de ses dirigeants, se voit concurrencer par d’autres forces politiques essentiellement dirigées par des jeunes. Il s’agit de l’Alliance Démocratique-AD de John Steenhuisen et du parti des combattants pour la liberté économique (EFF) de Julius Malema. De ce fait, l’ANC pourra-t-elle conserver son poids pendant ces élections ?

Vote sanction aux municipales en Afrique du Sud ?

Depuis 1994, les élections municipales en Afrique du Sud ainsi que les autres scrutins n’étaient pas une bataille pour le parti au pouvoir, l’ANC. Auréolée de son statut de « parti de la libération », elle avait accumulé suffisamment de capital politique dans la population majoritaire pour ne pas être politiquement menacée pendant les mandats passés. Mais ce poids historique s’étiole au fil du temps et des frasques de ses leaders. Le plus tonitruent des scandales à l’actif de l’ANC est celui de l’ancien président Jacob Zuma. Ces scandales à multiples facettes de ce dernier ont, selon les faits, des répercutions indéniables sur les acquis du Congrès national africain.

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Corrélativement, les prochaines municipales en Afrique du Sud semblent être la première occasion pour ces électeurs exaspérés de sévir. « Tout d’abord, ils [l’ANC] sont ici parce que nous allons avoir un vote [les élections municipales], donc c’est le problème. Pendant tout le [reste du] temps, où étaient-ils ? Nous nous demandons où ils étaient pendant tout ce temps ? », se demandait un électeur sud-africain.

Pour ce dernier, le fait de n’avoir pas voté pendant ces dernières années y compris les municipales en Afrique du Sud, s’apparente à un adoubement implicite de l’ANC. « Mais je me suis rendu compte que si je ne vote pas, mon vote va automatiquement à l’ANC. Cela signifie que j’approuve la façon dont l’ANC gouverne. Alors aujourd’hui, je suis allée à l’IEC (Commission électorale indépendante) pour m’inscrire. Je préfère aller donner mon vote à un autre parti plutôt qu’à l’ANC », a-t-il confié.

C’est le même son de cloche auprès de Mlungiseleli Kwanini, un chômeur sexagénaire, qui a souligné que : « L’ANC a échoué lamentablement. Après 1994, ils nous ont promis le paradis sur terre. On attend toujours. Ils nous font des promesses vides. Regardez, j’ai 60 ans et je ne me souviens même plus de la dernière fois que j’ai eu un emploi ».

Rude bataille pour l’ANC face à l’AD et l’EFF aux municipales en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, ce qui importait à chaque scrutin n’était pas tant le résultat du parti au pouvoir, l’ANC, mais le résultat de l’opposition. Or, force est de constater que le principal mouvement d’opposition (l’Alliance Démocratique-AD) accroît progressivement son espace politique.

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En effet, malgré la présence du président Cyril Ramaphosa sur le terrain, samedi dernier, à Soweto pour encourager les populations à s’inscrire sur les listes électorales tout en promettant l’amélioration de leur quotidien, les municipales en Afrique du Sud pour cette année s’annoncent assez rudes.

Face à cette situation, le chef de l’Etat se sent fort et très fort. « J’ai hâte d’y aller, de me lancer dans la campagne électorale. Notre peuple est prêt à voter pour l’ANC afin que nous puissions gagner municipalité après municipalité et c’est notre intention », dit-il.

Nonobstant ce grand espoir de Cyril Ramaphosa, les joutes électorales au cours de ces municipales en Afrique du Sud promettent d’être serrées dans trois villes notamment la capitale Pretoria, le hub économique Johannesburg et Port Elizabeth, cité industrielle du bord de l’océan Indien.

Actuellement au pouvoir dans la plupart des 278 villes de l’Afrique du Sud, le Congrès National Africain (ANC) aura fort à faire face à l’Alliance Démocratique (DA), le principal parti d’opposition de centre-droit qui gouverne déjà la capitale parlementaire, Le Cap (sud).

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Julius Malema

Malheureusement, cette bataille de l’ANC se fera sur deux fronts, c’est-à-dire face également à un troisième parti qui pourrait jouer le rôle d’arbitre. C’est la formation du populiste et transfuge du parti au pouvoir, Julius Malema : les Combattants pour la Liberté Economique (EFF). Ce dernier se dit ouvert à toute alliance avec un autre parti de l’opposition pour faire chuter son ancien parti dans les grandes villes lors des municipales en Afrique du Sud.

« Nous travaillerons avec toute personne qui est prête à exproprier les terres sans compensation », avait-il lancé. De toutes les façons, une alliance entre l’AD et l’EFF ne se réalisera pas sans anicroches. Ceci à cause de leur différence idéologique. Les deux partis, rappelons-le, sont à des kilomètres l’un de l’autre.

Boscar A.