Prolongation de la transition au Mali : entre craintes légitimes et intérêts partisans, le scénario se dessine

Prolongation de la transition au Mali , entre craintes légitimes et intérêts partisans, le scénario se dessine

N’en déplaise aux sceptiques, les évènements s’enchainent dans le sens d’une prolongation de la transition au Mali. Après Ségou vendredi passé, c’est Nioro et Bamako qui se préparent à descendre dans les rues pour en faire la demande. Des manifestations qui relaient l’appel de différentes personnalités, malgré les craintes suscités chez certains par une telle prolongation.

Exprimé par des personnalités aussi bien religieuses que politiques, le vœu de prolongation de la transition malienne, s’est dessiné également dans le Plan d’Action du Gouvernement malien (PAG). Mais un tel scénario fait peur à des anonymes mais aussi à des politiques, qui y voient sûrement une menace à leurs intérêts.

La nécessité d’une prolongation de la transition au Mali

Comme l’a souligné Me Mamadou Ismaël Konaté, les piliers sur lesquels est assis le Mali ne tiennent plus. L’ancien ministre de la Justice malienne se prononçait en faveur d’une prolongation de la transition au Mali, sur un plateau de télé le 31 juillet dernier.

Pour lui les maliens doivent se mettre « d’accord pour fixer l’échéance au-delà de février 2022 » et prendre le temps de réformer l’Etat avant de passer à des élections. Ce discours est le même que celui du Chérif de Nioro, Mohamed Ould Hamahoullah dit Bouyé qui ne rate pas l’occasion de son serment de vendredi, pour réitérer son appel à une prolongation de la transition au Mali. Il estime que les militaires ont besoin de plus de temps pour construire les soubassements du Mali.

Chérif de Nioro

Dans un point de presse animé le 07 août, le Mouvement Mali Espoir a également affiché son souhait de voir la transition se prolonger. Préalable pour bien sécuriser le pays, le mettre sur les rails de la bonne gouvernance en luttant contre les maux qui le rongent comme la corruption et la délinquance financière.

Tous ces appels ont débouché sur des manifestations le vendredi passé dans les rues de Ségou, une ville située à 240 km de la capitale Bamako. Et la fièvre gagne d’autres villes qui programment des manifestations pour la semaine prochaine pour exiger une prolongation de la transition au Mali.

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Des craintes et des agendas cachés

Pour certaines opinions, prolonger la transition au Mali, reviendrait à s’exposer à des sanctions internationales. Pour rappel c’est sous pression de la CEDEAO et de la communauté internationale que la durée de la transition a été fixée à 18 mois. Ces institutions foncièrement opposées au double coup d’Etat, n’ont accompagné les autorités de la transition qu’avec la garantie des élections au bout de 18 mois.

De plus, le chef du gouvernement lors de sa tournée à l’intérieur du pays, a annoncé la levée de la suspension de la Banque Mondiale sur le Mali au regard de la situation. Certains craignent donc qu’une prolongation de la transition au Mali ne ramène le pays en arrière.Transition au Mali: Colonel Assimi Goïta, candidat du peuple ?

Des craintes légitimes mais qui n’occultent pas le fait que « Depuis 1991, dans ce pays, toutes les élections ont été contestées » comme l’a souligné Me Mamadou Ismaël Konaté. Il ajoute que « personne, nouvellement élu, ne peut régler la question de la réforme de l’Etat. Ils vont le bloquer et on est reparti encore pour un contexte, qui va nous créer des problèmes ».

Ce qui est vrai dans la mesure où l’élection de l’ancien président IBK, n’a pas empêché son éviction par la rue avant la fin de son mandat. L’élection n’est donc pas la panacée au problème malien. Il conviendrait, d’assainir la gouvernance dans le pays par des réformes profondes avant d’aller aux élections.

Plus de temps

Du temps et rien que du temps, c’est ce qu’implique le Programme d’action présenté par le premier ministre Choguel Maïga, adopté par le conseil national de transition s’inscrit au-delà de la période de transition. Ce qui a fait sortir de leur gong, des personnalités politiques qui y ont vu une volonté manifeste de prolongation de la transition au Mali.

Pour ces derniers, on peut lire des intérêts partisans, la volonté d’occuper des postes après les élections, plutôt que sortir le pays de l’ornière. Il est évident que le pays a besoin d’être reformé profondément pour éviter à l’avenir ces coups d’Etas qui n’en finissent pas. Et la transition actuelle a eu le mérite d’apaiser le pays. Il convient de tabler là-dessus pour amener tous les maliens à prendre le temps de discuter et régler leurs problèmes comme le suggère Me Mamadou.

Et tout cela passera forcément par une prolongation de la transition au Mali, quoique disent les leaders politiques, soucieux de grignoter des postes.

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Esso A.