Société russe Wagner au Mali : qu’est-ce qui fait autant peur à la France ?

Société russe Wagner au Mali , qu’est-ce qui fait autant peur à la France

L’information fait, depuis quelques heures, les choux gras de la presse internationale. La future probable intervention de la société russe Wagner au Mali, divulguée par l’agence Reuters, dérange au plus haut niveau de la France. Pourtant annoncé sur le départ du Mali, le pays d’Emmanuel Macron fait des pieds et des mains pour bloquer les russes.

Selon l’agence de presse britannique Reuters, Paris a, suite à l’information, dépêché son Monsieur Afrique à Bamako. Aujourd’hui, ce sont des menaces directes de retrait définitif de leurs troupes, que les autorités françaises profèrent contre leurs homologues maliens.

La peur bleue des français face à la société russe Wagner

La nouvelle est prise très au sérieux en France. Reuters a indiqué qu’un contrat serait en cours de signature entre la société russe Wagner et les autorités maliennes. En effet, Wagner est une société militaire privée de sécurité. Le contrat viserait le déploiement d’un millier de paramilitaires russes au Mali, travaillant pour le compte de ladite société et dont le but est de former les forces armées maliennes.

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Même si l’information n’est confirmée officiellement par aucune des deux parties, la France tire déjà à boulets rouges sur les autorités maliennes. Pour le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, « c’est absolument inconciliable avec notre présence » et « une intervention d’un groupe de ce type serait incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali ». Et à la ministre des armées, Florence Parly d’ajouter : « ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent avec tout ce que nous avons entrepris depuis des années et tout ce que nous comptons entreprendre en soutien des pays du Sahel ».

A tout point de vue, le ton est grave et la France menace ouvertement. Une intervention de la société russe Wagner aurait, pour conséquence immédiate, un retrait définitif des forces françaises du Mali. Et pourtant ces forces sont déjà sur le départ, ou du moins en réorganisation. De toute façon, Barkhane ne sera plus, et à la place, il est prévu une force internationale toujours pilotée par la France. Cette dernière ne sera pas en première ligne de la lutte antiterroriste. Alors pourquoi vouloir empêcher le Mali de « diversifier [..] ses relations pour assurer la sécurité du pays », comme l’a indiqué le ministre malien de la défense ?

La crainte de la France d’être mise sur la touche

La société russe Wagner n’est pas à sa première intervention en Afrique. Déjà signalée en Lybie, au Mozambique et au Soudan, les paramilitaires de Wagner se sont beaucoup illustrés en Centrafrique. Sous le coup d’un embargo sur les armes de l’ONU soutenu par la France, la Centrafrique n’a eu son secours que de la Russie. Cette dernière a obtenu des dérogations de l’ONU pour livrer des armes légères au pays africain secoué par des rebellions.

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En outre, l’intervention de la société russe Wagner, surement facilitée par les autorités russes, a permis au président centrafricain Touadéra, de repousser les rebelles et de reprendre le contrôle sur une grande partie de son territoire. Aujourd’hui, la situation d’affrontements s’est un peu apaisée. S’en est alors suivi, une guerre de communication de la France contre la Russie, qui voyant son pré carré conquis, essayait de faire volteface. Des accusations d’exactions commises par les paramilitaires ont fusé de partout. Mais la Russie semble prendre progressivement la place de la France en Centrafrique.

C’est ce même scénario que craint la France au Mali. L’arrivée de la même société russe Wagner au Mali, signifierait que la France perdrait son monopole sur la gestion de la question du Sahel et tous les contrats miniers y afférents. Mais là où le bât blesse, est que la France n’a jamais réussi à régler les conflits en Afrique, de manière délibérée ou pas. Elle est, depuis un moment, accusée par les populations locales d’alimenter ces conflits. D’où les récentes manifestations au Mali contre les troupes françaises. Selon le journal L’Informateur, le porte-parole du ministère malien de la Défense a déclaré que « l’opinion publique malienne est favorable à une coopération accrue avec la Russie vu la situation sécuritaire ».

Pas de blanc-seing à la société russe Wagner

Le ministre malien de la défense a effectivement confirmé à l’AFP l’existence de discussions avec la société russe Wagner dans le but de diversifier les relations sécuritaires du pays. Mais, il a rejeté toute signature de contrat. Un accord de coopération militaire existe déjà entre le Mali et la Russie. Aussi, la nécessité de faire aussi intervenir la société russe Wagner, qui est une privée, serait sans doute dans l’intérêt de la Russie, qui ne sera pas garante des déboires de ces paramilitaires.

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Même si l’efficacité de ce groupe a été déjà éprouvée en Centrafrique, avec la situation d’accalmie suite à leur intervention, les accusations d’exactions peuvent avoir un fondement, aussi minime soit-il. Il conviendrait donc, en cas d’intervention au Mali, que les autorités du pays veillent au grain. L’information de Reuters stipule que les paramilitaires de la société russe Wagner vont juste former des militaires maliens et assurer la protection de certains hauts dirigeants. Ceci n’implique pas une participation directe au combat contre les groupes terroristes. Ce serait, alors, une manière d’éviter des exactions de ces derniers.

Par ailleurs, ces interventions se font en contrepartie de contrats miniers. Une manne pour la société russe Wagner qui en profite déjà en Centrafrique. Cette situation pourrait amener des frictions avec les populations riveraines de ces mines. La recherche de la sécurité ne devrait pas être source d’autres problèmes de sécurité pour des populations qui ploient déjà sous le coup de plusieurs maux.

Esso A.