Tensions dans l’exécutif somalien : le président retire « les pouvoirs exécutifs » au premier ministre

Tensions dans l’exécutif somalien , le président retire « les pouvoirs exécutifs » au premier ministre

Voici plusieurs semaines que des tensions dans l’exécutif somalien menacent la paix dans ce pays d’Afrique orientale. Dans un nouveau développement, le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a retiré jeudi « les pouvoirs exécutifs » du Premier ministre Mohamed Hussein Roble.

Le bras de fer depuis juin entre les deux hommes, marqué par des décisions parallèles et contradictoires, semble loin de se calmer. Ceci malgré les tentatives de médiation.

Retrait des pouvoirs exécutifs

Les tensions dans l’exécutif somalien sont à leur comble. Par un communiqué du bureau du président somalien ce 16 septembre, on apprend que « le Premier ministre a violé la Constitution de transition de sorte que ses pouvoirs exécutifs lui sont retirés (…), notamment ses pouvoirs de destitution et/ou de nomination de dirigeants jusqu’à ce que les élections aient eu lieu ».

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Premier ministre somalien Mohamed Hussein Roble

Mohamed Abdullahi, plus connu sous le surnom de Farmajo, justifie son initiative par le fait que le Premier ministre a pris « des décisions imprudentes pouvant ouvrir la voie à l’instabilité politique et sécuritaire », et qu’il n’a procédé à « aucune consultation et collaboration avec le président ».

La montée des tensions dans l’exécutif somalien a pour principale cause, la disparition en juin dernier, d’Ikran Tahlil, une agente des services de renseignement, la Nisa. Les soupçons se portent vers la hiérarchie de la Nisa, mais elle est protégée par le président.

Alors que le premier ministre Roble avait confié l’enquête à la justice militaire, Le président Farmajo a nommé une commission d’enquête composée de magistrats avec un membre choisi par la Nisa.

Enchainement de décisions contradictoires

La tension dans l’exécutif somalien a été marquée par des prises de décisions contradictoires des deux hommes. Le 5 septembre, le premier ministre Mohamed Roble avait limogé le chef de l’Agence des services de renseignements et de sécurité (Nisa) Fahad Yasin, un intime de Farmajo, pour sa gestion de l’enquête sur la disparition de l’agent.

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Président somalien Farmajo

Le président Farmajo a dans la foulée, annulé cette décision jugée « illégale et inconstitutionnelle ». Il a ensuite nommé un remplaçant de son choix après avoir promu Fahad Yasin comme conseiller à la sécurité nationale. La semaine dernière, le premier ministre a remplacé le ministre de la sécurité. La raison est qu’il accuse le président d’« entraver » l’enquête. Il qualifie aussi ses décisions de « menace existentielle dangereuse ». Le président a bien sûr jugé la décision non conforme à la constitution.

Les tentatives de désamorcer les tensions dans l’exécutif somalien, par des responsables politiques, n’ont rien donner au vu des derniers développements.

Une menace à la stabilité du pays

Le Premier ministre Roble bénéficie du soutien de plusieurs hommes politiques, notamment de l’opposition. En effet, ce dernier nommé en septembre 2020 a été chargé d’organiser des élections que le président n’a pu faire après l’expiration de son mandat en février. La raison est que le président Farmajo n’a pas pu s’entendre avec les dirigeants régionaux sur l’organisation de ces élections.

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L’annonce de la prolongation de son mandat de deux ans, a provoqué des affrontements armés à Mogadiscio la capitale. Par contre Le Premier ministre est parvenu à un accord sur un calendrier électoral, avec pour horizon initial une élection du président le 10 octobre. Ce qui l’a mis au centre de la scène politique.

Les tensions dans l’exécutif somalien sont donc suicidaires pour ce pays qui vit avec le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991.

Esso A.