Terroristes au Sahara : les exploits de la France comme son billet retour

Terroristes au Sahara , les exploits de la France comme son billet retour

Depuis l’annonce du retrait de Barkhane du Sahel, les exploits des forces militaires de la France s’enchainent. Au lendemain des rumeurs de rapprochement de l’Etat malien et des russes de Wagner, la France annonce avoir éliminé un nouveau chef terroristes au Sahara. Une piqure de rappel de son rôle incontournable ?

Le président français Emmanuel Macron l’a tweeté et son ministre de la défense l’a confirmé. Adnan Abou Walid al-Sahraoui, chef du groupe jihadiste État islamique au Grand Sahara (EIGS) a été « neutralisé ».

Stratégie de neutralisation des chefs terroristes au Sahara

Walid al-Sahraoui vient s’ajouter à la longue liste des terroristes « neutralisés » par les forces françaises. Bien que ces neutralisations n’annihilent pas la capacité de nuisance de ces terroristes au Sahara, elles sont bien à mettre à l’actif de la France. Plongé avec Barkhane dans une guerre qui dure depuis huit ans et qui ne présentait aucune issue, la France, au détour du deuxième coup d’Etat au Mali, a saisi la balle au bond pour annoncer le retrait de sa force. Le président a tout de même reconnu « un phénomène d’usure » d’une guerre sans fin, sans défaite ni victoire.

Adnan Abou Walid al-Sahraoui, chef de l’EIGS

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Désormais, l’accent sera mis sur les opérations de contre-terrorisme en attendant un calendrier précis de retrait. D’où l’objectif de neutralisation des leaders de ces groupes, dont Iyad Ag Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Même si le chef du GSIM est toujours en vie, d’autres n’ont pas eu cette aubaine. Après l’annonce du retrait de Barkhane, la ministre des armées annonce la mort de « Baye ag Bakabo, cadre d’Aqmi et responsable du rapt de nos concitoyens » Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Un mois après, c’est Al Sahraoui et Abou Abderahmane Al Sahraoui, deux cadres de l’EIGS, qui ont trouvé la mort sous les feux de Barkhane.

Et aujourd’hui c’est le numéro 1 de l’EIGS qui est annoncé mort. Bien que tous ces terroristes au Sahara ne soient pas les premières victimes de Barkhane, c’est le timing de ces faits qui soulèvent des questionnements. La coïncidence de ces annonces avec le départ de Barkhane, laisse penser que la France veut montrer à ces partenaires de la sous-région qu’ils ont besoin d’elle.

La France joue-t-elle sa dernière carte ?

L’information du rapprochement de l’Etat malien et de Wagner a provoqué un tollé à l’Elysée. La place qui sera laissée prochainement par Barkhane semble déjà trouver preneur. Et face à cette situation, la France se doit bien de redorer son blason. La neutralisation des terroristes au Sahara semble bien trouvée. En outre, ses alliés au Sahel lui apportent un soutien sans faille. C’est le cas de l’Allemagne qui, à travers sa ministre de la défense, a indiqué qu’« un tel accord contredit tout ce que l’Allemagne fait au Mali depuis huit ans, aux côtés de la France, de l’Union européenne et de l’ONU ».

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L’annonce de la mort du chef d’un des groupes terroristes au Sahara, intervient des semaines après les faits. En effet, Rfi indique que Walid al-Sahraoui serait tombé le mois dernier. Le décalage entre les faits et leur publication est justifié par la nécessité de procéder aux vérifications nécessaires pour confirmer son identité. S’il a fallu tout ce temps pour confirmer l’identité du chef terroriste, il est évident que l’on puisse douter de cette confirmation. D’autant plus qu’elle intervient juste au lendemain de la menace que fait peser Wagner sur la France.

L’hexagone a besoin, en ces moments de concurrence accrue d’autres puissances en Afrique, de montrer qu’elle est le partenaire incontournable des pays du Sahel et surtout du Mali. Et la ministre des armées Florence Parly l’a confirmé sur Rfi. Quand elle affirme que « cette victoire [..] contre le numéro 1 de l’EIGS nous incite à poursuivre ce combat, qui est un combat qui n’est pas terminé mais qui doit être mené », il est clair que le pays n’est pas prêt à céder sa place. Mais l’Elysée rassure que « Ce n’est pas le genre d’informations avec lesquelles nous faisons des coups de théâtre ».

Esso A.