Troisième mandat : le mouvement « Tournons La Page » veut des sanctions contre Condé et Ouattara

mouvement Tournons La Page

Le mouvement  Tournons La Page , une organisation qui milite pour la démocratie et les droits de l’homme en Afrique, a condamné, vendredi, la décision d’Alassane Ouattara et d’Alpha Condé de briguer un troisième mandat, contre l’avis populaire.

 Le 6 août 2020, Alassane Ouattara, 82 ans, a annoncé lors d’un discours à la nation sa décision de briguer un troisième mandat présidentiel en octobre prochain. Le même jour, à Conakry, le parti au pouvoir, le RPG-Arc en Ciel, a désigné le président sortant Alpha Condé, 78 ans, comme candidat à l’élection d’octobre prochain.

mouvement Tournons La Page parle d’une tentative d’entrave à la démocratie

Ces deux annonces, même si elles ne sont pas surprenantes, sont fortement critiquées par plusieurs acteurs socio-politiques à travers toute la sous-région. C’est le cas du mouvement « Tournons la Page » (TLP) qui milite contre les mandats de trop sur le continent.

Dans un communiqué, dont nous avons eu copie, le mouvement explique que les candidatures d’Alassane Ouattara et Alpha Condé sont inconstitutionnelles et violent la démocratie, dans ces deux pays. « Le chef de l’État ivoirien a pris cette décision au mépris de la Constitution que lui-même a fait modifier, dont les articles 55 et 183 montrent à suffisance que le Président de la République ne peut exercer plus de deux mandats et que la modification constitutionnelle de 2020 ne remet pas les compteurs à zéro. », a signifié TLP.

« Malgré la répression féroce qui s’est abattue sur les manifestants du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), collectif de partis d’oppositions et d’organisations de la société civile, le Président Condé a obtenu une remise à zéro du nombre de mandats présidentiels dont la limite est bien inscrite dans la constitution (art. 27), grâce au référendum constitutionnel organisé en pleine épidémie du COVID-19. », ajoute-t-il.

Le mouvement « Tournons la Page » (TLP) considère ces annonces de candidature comme des tentatives de coup d’Etat. « En voulant priver leurs peuples de toute possibilité d’alternance démocratique et pacifique, Alassane Ouattara et Alpha Condé commettent un coup d’État. Le coup d’État contre la Constitution a la violence d’un coup d’État militaire : il confisque non seulement le pouvoir, mais aussi les institutions censées le limiter. Il doit être condamné et traité avec la même fermeté » a déclaré ce mouvement, dans un communiqué signé par Alexandre Didier Amani, Coordinateur du mouvement Tournons La Page Côte d’Ivoire, Ibrahima Diallo, Coordinateur TLP Guinée et le Gabonais Marc Ona Essangui, président du mouvement Tournons La Page.

La CEDEAO interpellée par mouvement Tournons La Page

« Ces coups d’Etat constitutionnels s’attaquent aussi aux instruments régionaux et sous-régionaux de promotion de la démocratie. Ils violent la Charte de la démocratie de l’Union africaine, qui prohibe « toute révision des Constitutions qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique » (article 23) mais aussi l’article 1 du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO », lit-on dans le document.

Du coup, mouvement Tournons La Page interpelle la CEDEAO et exige des sanctions à l’égard de ces deux présidents. Il recommande à l’Union africaine, à la CEDEAO à l’Union Européenne et à leurs Etats membres de : « Condamner les tentatives de « coups d’Etat constitutionnels » ; Adopter des positions fortes y compris aux Nations Unies ; Organiser dans les plus brefs délais un sommet extraordinaire de la CEDEAO visant à trouver une solution respectueuse de la Constitution dans ces deux pays. ».

Mouvement Tournons La Page veut également des sanctions à l’encontre des « responsables du gouvernement guinéen, les membres du parti au pouvoir et leurs alliés en établissant des listes nominatives des responsables impliqués dans la répression ayant précédé le référendum de mars 2020 : gel et surveillance de leurs avoirs à l’étranger ; interdiction de visa ; annulation des titres de séjour… ».

Lire aussi: Mali : quand la CEDEAO affirme son leadership face à la junte