Présidentielle au Kenya : « Il n’y a pas de place pour la vengeance », affirme William Ruto, le vainqueur inattendu

Présidentielle au Kenya : « Il n'y a pas de place pour la vengeance », affirme William Ruto, le vainqueur inattendu

Le vice-président sortant du Kenya, William Ruto, a été déclaré ce lundi 15 août vainqueur de la présidentielle avec 50,49 % des voix. Ce résultat annoncé par le président de la Commission électorale est rejetté par certains de ses collègues et le camp opposé.

Près d’une semaine après la tenue du scrutin présidentiel kenyan, le résultat est tombé ce lundi dans une ambiance électrique. Contre toute attente le vice-président sortant est déclaré vainqueur face à l’opposant Raila Odinga, pourtant soutenu par le président sortant Uhuru Kenyatta. Cette annonce a provoqué des divisions et des échauffourées, mais le vainqueur déclaré a promis de travailler avec tout le monde.

Difficile proclamation des résultats

L’annonce de la victoire de William Ruto, 55 ans, a été faite dans des conditions difficiles. En effet, avant la proclamation, quatre membres sur sept de la Commission électorale ont annoncé se désolidariser du processus en raison de son « caractère opaque ».

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C’est finalement Wafula Chebukati, président de la Commission qui a annoncé la victoire du vice-président sortant avec un score de 50,49%. Soit une petite avance de 233 211 voix sur son challenger le plus sérieux, l’historique opposant Raila Odinga, soutenu par le président sortant Uhuru Kenyatta qui a achevé ses deux mandats constitutionnels.

L’annonce des résultats a provoqué des soulèvements dans plusieurs quartiers de la capitale Nairobi. Des pneus ont été enflammés pour bloquer la circulation dans un fief de Raila Odinga. Ce dernier dispose de sept jours à compter de la proclamation pour déposer un recours auprès de la Cour suprême. Mais les procès-verbaux des résultats étant tous en ligne, une issue positive semble difficilement envisageable.

William Ruto appelle au rassemblement « de tout le monde sur le pont »

La victoire de William Ruto est une surprise dans la mesure où il avait pour principal challenger l’historique opposant Raila Odinga, qui se présentait pour la cinquième fois à la présidentielle dans le pays. En outre il avait le soutien du président sortant qu’il avait combattu des années durant. Mais les deux avaient fait la paix en 2018.

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En témoigne aussi le score serré de la présidentielle, Raila Odinga (77 ans) ayant obtenu 48.85% des suffrages. Pour Francesca Di Matteo, directrice adjointe de l’Institut français de recherche en Afrique, William Ruto « a joué la carte du clivage social ». Sur Rfi, elle a expliqué qu’il a mis en avant la crise économique, les problèmes de la classe populaire.

Son discours était contre le système, ce qui a marché, bien qu’il n’appartienne à aucun des deux principaux groupes ethniques du pays. « Je travaillerai avec tous les leaders » dans un pays « transparent, ouvert et démocratique », a assuré le vainqueur dans un discours hier soir. « Il n’y a pas de place pour la vengeance », a-t-il poursuivi, se disant « totalement conscient » que le pays « est à un stade où nous avons besoin de tout le monde sur le pont ».

Esso A.