Ouganda: la CPI établit la culpabilité de Dominic Ongwen

Ouganda: la CPI établit la culpabilité de Dominic Ongwen

La Cour pénale internationale (CPI) a jugé coupable, jeudi 4 février, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Ouganda Dominic Ongwen. C’est un ancien enfant soldat devenu commandant du groupe rebelle ougandais l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) Dominic Ongwen, 45 ans, a été reconnu coupable de soixante et un chefs d’accusation, dont celui de grossesse forcée qui n’avait, jusqu’à présent, jamais été prononcé par la CPI. À Lukodi, village ravagé par une attaque orchestrée par Dominic Ongwen en 2004, les habitants sont soulagés par le verdict.

Il s’agit du premier jugement d’un ancien enfant-soldat devenu commandant, dans son cas du groupe rebelle ougandais l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), qui a massacré plus de 100 000 personnes et enlevé 60 000 enfants dans quatre pays africains. Un verdict salué.

Dominic Ongwen coupable, la joie des populations ougandaises

Ce jugement était très attendu. Surtout pour les populations de Lukodi. A en croire les confrères de RFI, ils etaient tous réunis autour d’un poste de radio sur la place principale du village. Le verdict a été très bien accueilli par des applaudissements saluant ainsi le jugement de la Cour pénale internationale. Pour Evelyn, qui a perdu cinq membres de sa famille la nuit de l’attaque de la LRA, ce verdict va l’aider à tourner la page.

« La CPI nous a écoutés, je me sens vraiment soulagé par le jugement. Dominic Ongwen devait payer tous les crimes qu’il a commis.», a-t-elle déclaré

D’après la même source, chaque membre de la communauté s’est levé pour livrer ses impressions sur le jugement. Tous attendent maintenant que la CPI annonce la peine de prison de l’ancien commandant de la LRA. Okullo pour sa part estime que Dominic Ongwen doit rester enfermé le plus longtemps possible. « Nous voulons qu’Ongwen reste en prison toute sa vie. Il ne doit pas revenir en Ouganda ; nous voulons qu’il aille en prison et qu’il y reste, parce qu’il a causé beaucoup de destruction », a-t-il indiqué.

Au total, une cinquantaine de personnes du village sont décédées la nuit de l’attaque de la LRA, le 19 mai 2004.

Le satisfécit de l’avocat Tolit Charles Atiya et de la FIDH

Tolit Charles Atiya, Avocat, spécialiste de droit pénal international, et chercheur au Nile institute, ancien responsable d’ONG des peuples Acholi, du nord de l’Ouganda, a suivi ce procès avec attention. Il en est de même pour Delphine Carlens de la FIDH.

Il se dit « d’un côté satisfait, parce que son implication dans les évènements était décisive ». « Donc en premier lieu on se dit qu’un verdict comme celui-là permet à certains de faire leur deuil et à ceux qui sont passés par ce long processus de la CPI de ressentir un soulagement », a-t-il souligné.

« Mais l’accueil doit aussi être plus mesuré parce que beaucoup en Ouganda s’identifient à Dominic Ongwen », a-t-il ajouté. « Beaucoup d’anciens combattants sont revenus à la vie civile, n’ont jamais demandé l’amnistie, donc ils vont se demander s’ils peuvent craindre des poursuites ou si cette histoire est terminée. Et puis au-delà de ce procès, il y a la question de la justice, des responsabilités, des réparations, et pour cela, pas grand-chose n’a été fait », a-t-il précisé.

Pour sa part, Delphine Carlens, Responsable adjointe du département Justice internationale à la Fédération Internationale des Droits humains (FIDH), a salué le jugement de la Cour. La FIDH est une organisation qui a suivi ce procès avec attention. Elle salue en particulier la grande prise en compte par la Cour des violences liées au genre, comme les mariages forcés et les grosses non désirés.

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