Indonésie : finis les tests de virginité pour les recrues féminines de l’armée

Indonésie , finis les tests de virginité pour les recrues féminines de l’armée

Révélés en 2014 par Human Rights Watch, les tests de virginité sont une pratique courante dans les institutions en Indonésie. Le chef d’Etat-major des armées du pays a annoncé, ce jeudi 13 août, que les recrues féminines ne seront plus soumises à ce test. Une victoire pour ces femmes militaires qui étaient touchées dans leur dignité.

Selon l’ONG, cette pratique est imposée aux candidates à l’armée indonésienne, depuis 1965, mais aussi à la police qui l’a abandonné récemment. C’était aussi une sorte de discrimination puisque les hommes n’avaient pas besoin de prouver leur virginité.

Une pratique courante en Indonésie

Les tests de virginité étaient pratiqués dans divers institutions en Indonésie. Notamment sur les femmes voulant entrer dans la police ou au ministère des affaires intérieures, dans l’armée. Les autorités militaires justifiaient la pratique par le besoin de ne pas recruter des candidates dont le comportement sexuel risquait de compromettre l’image de l’armée.

Après les révélations de Human Rights Watch, le ministre indonésien de coordination de la politique, du droit et de la sécurité, Tedjo Edhi, a déclaré aux journalistes que de tels tests étaient depuis longtemps également obligatoires pour les recrues militaires féminines. Le test était exigé non seulement pour les candidates, mais aussi pour les femmes épousant des militaires.

Appelé « le test des deux doigts », il consiste à ce qu’une femme médecin, introduise deux doigts dans le vagin pour constater si l’hymen est intact ou non, une inspection qui peut se révéler douloureuse, mais aussi très humiliante. Et de là se sont répandues, selon Rfi des superstitions qui font un lien entre l’endroit où l’hymen est rompu et l’existence d’une activité sexuelle. C’est dire que le sujet était connu de tous et ne faisait pas l’honneur des femmes engagées dans les forces de sécurité.

Les divers combats menés pour mettre fin aux tests de virginité, ont porté des fruits. Et c’est la police, la première, qui a dit renoncer à de telles pratiques en 2015. Il a fallu quelques années encore pour que l’armée lui emboîte le pas.

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Les tests de virginité combattus en Indonésie

Les dénonciations de cette pratique sont venues de divers horizons. Des ONG aux femmes anonymes ou publiques, en passant par la Commission Nationale contre les Violences faites aux femmes, toutes se sont engagées à faire arrêter les tests de virginité en Indonésie.

En novembre 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait d’ailleurs affirmé que les tests de virginité étaient « potentiellement dangereux ». Le chef de l’0NG Human Right Watch en Indonésie Andreas Harsono, a dénoncé son absurdité : « Le test n’est pas scientifique du tout, il est très difficile de dire si une femme est vierge ou non », avant d’ajouter « une femme peut avoir perdu son hymen en faisant de la bicyclette ou du cheval ».

Il explique que si l’abandon de cette pratique dans l’armée a pris du temps, c’est, d’une part pour la pluralité des branches qu’elle abrite, mais aussi pour le fait que cette pratique « n’était pas institutionnalisée, rien n’était concrètement écrit », et donc difficile à quantifier et à prouver.

L’abandon des tests de virginité dans l’armée est une avancée pour les droits des femmes, même si l’armée de l’air et la marine n’y ont pas encore renoncé. La Commission nationale sur les violences contre les femmes a salué cette annonce.

Pour la responsable Theresia Iswarini « ce test est discriminatoire et intrusif. Il peut causer un sentiment de honte, de peur et un traumatisme pour les victimes ». Elle a appelé les autres corps à suivre l’exemple. « Nous avons besoin de nous assurer que les ‘tests de virginité’ sont abolis », a t-elle ajouté.

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Esso A.