Afrique du Sud : le collectif « bandits à vélo » reprend les rues

Afrique du Sud , le collectif « bandits à vélo » reprend les rues

Les randonnées nocturnes du collectif « bandits à vélo », organisées deux fois par mois sont devenues un événement branché de la culture urbaine de Soweto. L’évènement initié par Tebogo Galagala et Tiyiselane Mashele, attire aujourd’hui, des dizaines de jeunes cyclistes noirs.

A la sortie d’un mois de confinement strict, les initiateurs de bandits à vélo ont réalisé qu’ils étaient loin d’en avoir fini avec les restrictions sanitaires liées au Covid-19. Ils se retrouvaient alors à deux, pour pédaler le soir, par pur plaisir, initiant ainsi une révolution à vélo.

Bandits à vélo, reprise d’un symbole à Soweto

Pendant l’apartheid, le vélo était un moyen de transport pour les employés noirs qui allaient travailler dans le centre de Johannesburg. Aujourd’hui, hormis quelques employés de maison ou jardiniers qui n’ont pas les moyens de conduire une voiture, la ville tristement célèbre pour son taux de criminalité record, ne voit quasiment aucun cycliste arpenter ses rues.

« Le cyclisme urbain à Soweto et aussi à Johannesburg est en pleine expansion, et nous pensons qu’en faisant ce que nous faisons maintenant, nous sommes de plus en plus nombreux, et les gens nous voient – la culture se développe. Et nous espérons simplement que dans un avenir proche, nous serons reconnus et que des pistes cyclables seront disponibles pour nous. Et évidemment, cela attirera beaucoup de gens qui voudront faire plus de vélo et utiliser leur vélo pour se rendre au travail », explique Tebogo Galagala, membre du collectif des Bandits à vélo.

« Ainsi, voir de jeunes garçons noirs, enfin, pas seulement de jeunes noirs, mais de jeunes gens noirs sur des bicyclettes est littéralement une déclaration politique », explique Tiyiselani Mashele, co-fondateur de Bandits à vélo.

Le collectif bandits à vélo a initié une révolution mentale

Pour ces jeunes bandits à vélo, enfourcher un vélo est une revendication. « Le simple fait d’avoir des noirs qui font du vélo à Soweto » est une joie, explique Tiyiselane Mashele. Et pourtant, pour bon nombre de ces jeunes sud-Africains, premières victimes d’un chômage endémique, s’offrir un vélo représente un coût important.

Toutefois, la demande de vélos appelés « fixie », des engins vintage à pignon fixe, emblématiques d’une pratique urbaine et dont le modèle de base peut coûter plus de 300 euros, est « importante » depuis le début de la pandémie, selon un artisan local, Kutlwano Malefane, qui dit en fabriquer deux fois plus qu’avant.

Pour Mashele, il s’agit de « reconquérir l’espace » et « changer l’état d’esprit des gens à l’égard des noirs qui font du vélo », un sport longtemps réservé aux riches, c’est-à-dire aux blancs en Afrique du Sud, dit-il.

Pour d’autres, c’est le côté branché qui attire. « Le style de vie, la mode », explique Tshepo Moyo, 27 ans ; un rêve d’enfant pour Makama, 22 ans. Un mélange de goût sur lequel compte le collectif bandits à vélo pour attirer plus de jeunes noirs dans le mouvement

Esso A.

Lire aussi: La polyandrie en Afrique du Sud: le gouvernement s’interroge