République Centrafricaine : violations de droits humains, le groupe français Castel accusé de complicité

République Centrafricaine , violations de droits humains, le groupe français Castel accusé de complicité

L’Organisation Non Gouvernementale (ONG) américaine, The Sentry, a porté de graves accusations contre le groupe français Castel. Le géant de la bière est désigné comme complice dans des exactions commises par une de ses filiales en République Centrafricaine. Le rapport de l’ONG atteste que Castel était au courant mais a refusé d’agir.

La Sucrerie Africaine de Centrafrique (Sucaf RCA) est la filiale de la Société d’organisation, de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa). Cette dernière est contrôlée à 87% par le groupe français Castel, deuxième brasseur en Afrique. La Sucaf est la principale mise en cause par l’ONG.

L’accord tacite entre les rebelles et la filiale de Castel

Le rapport de l’ONG américaine, a été publié ce 18 août 2021. Il en ressort que la Sucaf RCA, a « négocié un arrangement sécuritaire » avec l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé accusé d’exactions. Le but est de « sécuriser l’usine et les champs de canne à sucre » et « tenter de protéger le monopole de la société » par la distribution du sucre dans plusieurs préfectures sous contrôle des rebelles.

La raffinerie et les plantations de la filiale du groupe français Castel, se situent en territoire sous contrôle de l’UPC de fin 2014 à début 2021. En échange de la protection de ces groupes armés, la Sucaf RCA aurait mis en place un « système sophistiqué et informel pour les financer », par des paiements directs et indirects en espèces. En outre, elle leur fournissait « une aide en nature, sous la forme d’entretien de véhicules et de livraison de carburant », explique l’ONG.

Dans l’accomplissement de ses tâches, l’UPC se livrait à des exactions, dont des massacres, des viols, des actes de torture, des enlèvements, le recrutement d’enfants soldats. Ils seraient même responsables de l’attaque d’un camp de déplacés en novembre 2018 à Alindao, qui a entraîné la mort d’au moins 112 personnes, dont 19 enfants.

En outre, l’UPC procédait à « la saisie forcée de sucre de contrebande » en provenance du Soudan voisin. Le groupe armé recevait des commissions sur chaque saisie. « Le sucre saisi était discrètement déchargé la nuit avant d’être reconditionné en sacs de sucre de la Sucaf RCA pour être ensuite vendu à des grossistes », relate The Sentry.

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Responsabilité du groupe français Castel

Des rapports de sécurité internes, recueillis par The Sentry et consultés par l’AFP, montrent que le groupe français Castel était informé des exactions commises par les groupes armés dans la préfecture de la Ouaka.

Selon le rapport, la SUCAF et la société mère à Paris « ont été régulièrement informés des violations flagrantes des droits de l’homme commises par l’UPC. Cependant, « la direction de la SUCAF RCA a continué à fournir un soutien financier et logistique à des groupes criminels (principalement, mais pas exclusivement l’UPC) pendant plus de six ans, contribuant ainsi à alimenter le conflit armé en République centrafricaine », déplore le rapport.

Mais Alexandre Vilgrain, président de la Somdiaa, a rejeté devant l’AFP toute accusation de connivence. « Il n’existe à notre connaissance aucun arrangement passé par la direction de Sucaf RCA et aucun soutien d’aucune sorte n’a été fourni », a-t-il déclaré. Interrogé par l’AFP, le groupe français Castel n’a daigné répondre aux sollicitations.

Parmi les principaux bénéficiaires de cet accord financier figurent le chef de la milice, le général autoproclamé Ali Darassa, ainsi que l’ancien coordinateur politique de l’UPC et actuel ministre de l’Élevage et de la Santé animale Hassan Bouba, précise l’ONG. Cette entente, « s’est poursuivie jusqu’en mars 2021 », lorsque les membres du groupe rebelle ont été chassés de la zone par une contre-offensive des forces armées centrafricaines et des paramilitaires russes.

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Esso A.