France au Rwanda: massacre de Bisesero, les nouvelles révélations

massacre de Bisesero, les nouvelles révélations

Le rôle joué par l’armée française au Rwanda en 1994 continue par faire objet de nouvelles révélations. Les dernières révélations sur le massacre de Bisesero viennent d’un document diplomatique consulté par l’association Survie et le journal français Mediapart. Selon ce document, les militaires français auraient permis l’évacuation de génocidaires au Zaïre, aujourd’hui République démocratique du Congo.

Ces révélations donnent l’occasion à la Fédération internationale des droits de l’homme, ainsi qu’à plusieurs associations, saisir la justice française sur les massacres de Tutsis à Bisesero qui ont eu lieu quinze jours avant la fuite des génocidaires hutus.

Le récit du massacre de Bisesero

Les faits tels que relatés se sont déroulés entre avril et juillet 1994. Selon ces associations des droits de l’homme, entre avril et juillet 1994, au moins 60 000 Tutsis réfugiés dans les collines de Bisesero sont tués par les forces pro-gouvernementales hutus.

En effet le 27 juin, les forces françaises de l’opération Turquoise basées à Goma, au Zaïre voisin, pénètrent dans la zone. Christophe Boisbouvier était l’envoyé spécial de RFI, il venait de rencontrer un groupe de réfugiés tutsis :

« Quand une petite colonne française les a rencontrés, ils venaient de perdre l’un des leurs. « Emmenez-nous », a dit l’un deux. « Je ne peux pas » a répondu le commandant français, « je n’ai que 12 hommes et 3 jeeps, mais maintenant je sais que vous êtes là et je vais vous aider ». »

Mais lorsque les militaires reviennent en force 60h plus tard, au moins 2 000 tutsis sont étendus sur le sol.

Un document diplomatique révélé par Mediapart

Poursuivant l’État français, les associations des droits de l’homme estiment qu’il ne devrait pas avoir de morts. Bref, le massacre de Bisesero aurait pu être évité. Sur la question du rapport avec le document diplomatique révélé par Mediapart le 14 février dernier, Eric Plouvier, avocat à la FIDH se prononce. En effet, il estime que ce document prouve que la France, quinze jours après le massacre de Bisesero, a évacué des génocidaires hutus, au lieu d’aider les victimes tutsis :

« Il est certain que les autorités françaises n’avaient pas pour mission d’exfiltrer le personnel génocidaire, mais avait pour mission des Nations unies dans le cadre de l’opération Turquoise de secourir des personnes, donc le document nous parait d’un intérêt particulier dans cette procédure.», a-t-il souligné

Les avocats espèrent que ce document permettra de rouvrir l’enquête, qui est à l’arrêt depuis trois ans.