Ghana : le meurtre d’Ahmed Hussein Suale deux ans après, l’enquête sans suite

le meurtre d’Ahmed Hussein Suale deux ans après, l’enquête sans suite

Au Ghana, le 16 janvier 2019, Ahmed Hussein Suale, brillant journaliste d’investigation, a été abattu près de son domicile familial. Ce trentenaire collaborait avec la BBC et appartenait à Tiger Eye, une équipe de journalistes d’investigation dirigée par le célèbre Anas Aremeyaw Anas. En effet, ces investigations sont essentiellement basées sur des affaires de corruption au Ghana.

Deux ans plus tard, l’enquête est toujours au point mort, alors que le président Nana Akufo-Addo a promis à maintes fois que les criminels seront retrouvés. Ce qui pousse l’Association des journalistes du Ghana (GJA) à interpeler le gouvernement à intensifier les enquêtes.

Meurtre d’Ahmed Hussein Suale, des faits aux enquêtes infructueuses

En tant que journaliste d’investigation, les révélations de Ahmed Hussein Suale ont fait beaucoup de victimes parmi les quelles figures les hautes autorités. Certains l’avaient expressément menacé de mort. En effet, selon les confrères de RFI, les faits s’étaient déroulés autour de minuit à Madina, en banlieue nord d’Accra. La même source indique qu’Ahmed Hussein Suale se prépare à rentrer chez lui après un dîner de famille. Au volant de sa BMW, alors qu’il ralentit à une intersection, deux hommes tirent à travers la vitre, l’atteignant au cou.

Ayant perdu le contrôle de son véhicule, il s’écrase sur la façade d’un magasin. Selon des témoins oculaires cités par la BBC, l’un des tireurs s’approche du côté conducteur, tire deux nouveaux coups dans la poitrine d’Ahmed Hussein Suale, puis se retourne calmement et leur sourit, un doigt sur les lèvres. Deux ans après cet assassinat, aucune suite sur l’affaire, alors que la Chef de l’Etat ghanéen a promis faire la lumière sur l’affaire.

« Le président Nana Akufo-Addo a promis à plusieurs reprises que les tueurs seraient retrouvés et forcés de faire face à la justice. Malheureusement, cela n’est pas arrivé. Le département de la police d’investigation(CID) a déclaré avoir avancé dans son enquête. Mais depuis, plus rien », souligne Affail Monney, président de l’Association des journalistes du Ghana (GJA).

GJA invite l’État à intensifier les enquêtes

« Il y a deux ans, le département de police d’investigation (CID) a déclaré avoir arrêté six personnes en lien avec cette affaire », a indiqué Affail Monney. Toutefois, il fait savoir que les choses ne semblent bougées comme il le faut. C’est d’ailleurs une atteinte portée à la liberté de presse au Ghana.

« Cette tragédie n’a pas de précédent dans l’histoire de notre pays », martèle Affail Monney avant d’ajouter que « c’est un accroc à la démocratie ghanéenne qui ne pourra jamais être réparé ». A en croire le président de la GJA, ce précédent a ouvert la voie à d’autres violences sur les journalistes dans un pays qui en était considéré comme modèle. D’où la nécessité d’intensifier les enquêtes sur la mort de Suale.

« Le meurtre d’Ahmed Hussein Suale représente un niveau d’impunité inédit », accuse Affail Monney avant d’ajouter que « cela ne s’arrêtera pas tant que ses assassins seront toujours en liberté ». « À l’heure actuelle, les professionnels des médias subissent des menaces et des attaques incessantes encouragées par cette impunité », a-t-il dénoncé.

« La GJA appelle le gouvernement et les services de sécurité à intensifier leurs enquêtes sur la mort de Suale et à punir ses assassins au maximum prévu par la loi », a-t-il réclamé.

« La situation actuelle a un effet dissuasif sur la liberté de la presse, elle ternit la lumière de la démocratie ghanéenne. Le temps est venu d’y mettre un terme », alerte Affail Monney.

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