Procès de la « dette cachée » au Mozambique : lumière sur le détournement au sommet de l’Etat

Procès de la dette cachée au Mozambique , lumière sur le détournement au sommet de l’Etat

La corruption est une gangrène qui ronge même au sommet des Etats, mais toujours niée. Toutefois, il arrive, comme au Mozambique, que des officiels soient éclaboussés. Le procès de la dette cachée qui s’est ouvert dans ce pays, met la lumière sur un des plus grands scandales de corruption qui a plongé le pays dans une grave crise financière.

Dans ce procès, Dix-neuf personnes sont accusées de chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment, pour des montants de plusieurs millions d’euros. Les audiences vont s’étendre sur près de deux mois.

Ouverture du procès de la dette cachée

Parmi les accusés au procès de la dette cachée, se trouve le fils de l’ex-président Armando Guebuza,

. Comme plusieurs autres accusés, il était bien présent ce lundi 23 août, à l’audience qui s’est ouvert sous une tente installée dans l’enceinte de la prison de haute sécurité de Machava, à Maputo. Le prévenu y est en détention provisoire depuis deux ans et demi.

Le procès s’est ouvert en présence de dizaines d’avocats de témoins et de journalistes accrédités pour suivre l’affaire. L’engouement autour du procès de la dette cachée justifie sa délocalisation dans la cour d’une prison, les tribunaux du pays étant jugés trop petits pour accueillir tout ce beau monde.

Sont aussi accusés, l’ancien chef des services de sécurité, Gregorio Leao, l’ex-ministre des Finances Manuel Chang. Ce dernier n’était pas présent à l’ouverture du procès. Il est actuellement en Afrique du Sud où il a été arrêté en 2018 mais les autorités sud-africaines ont annoncé hier leur décision de l’extrader vers le Mozambique.

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Le scandale de corruption au sommet de l’Etat

Entre 2013 et 2014, trois entreprises publiques mozambicaines ont contracté près de 2 milliards d’euros de prêts, notamment auprès du Crédit suisse et de la banque russe VTB, selon africanews. Officiellement c’était pour financer des projets de surveillance maritime, de pêche et de chantiers navals. Mais il s’agit en fait d’une vaste entreprise de corruption au profit des proches du pouvoir. Le fils de l’ancien président aurait joué ‘’les facilitateurs ‘’ auprès de son père.

C’est en 2016 que l’affaire éclate au jour, lorsque le gouvernement révèle avoir contracté ses prêts sans prévenir le Parlement ni ses bailleurs de fonds. Ces derniers stoppent leur aide au Mozambique. S’en suit alors une série d’évènements, le pays suspend le remboursement de sa dette, sa monnaie, le metical, s’effondre. Et le pays est plongé dans une grave crise financière.

Filipe Nyusi, président du Mozambique

Le procès de la dette cachée est donc crucial au Mozambique, et inquiète même, dans une moindre mesure, l’actuel président, Filipe Nyusi, ministre de la défense à l’époque. Dans une procédure de la même affaire, mais cette fois aux Etats-Unis, il a été accusé par un témoin d’avoir touché des commissions occultes.

Le procès de la dette cachée a donc plusieurs tentacules et les différentes audiences pourraient déterrer des secrets d’Etat.

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Esso A.