RDC: la société civile exige la réouverture de l’affaire Chebeya

RDC: la société civile exige la réouverture de l'affaire Chebeya

Onze ans après l’assassinat de Chebeya et Bazana, l’enquête de RFI a permis à l’adjudant Hergile Ilunga et au brigadier Alain Kayeye de révéler leurs versions des faits. Ces deux policiers ont témoigné à visage découvert et ont avoué y avoir participé sur ordre Leurs témoignages apportent une nouvelle dimension à cette affaire. C’est dans cette logique que les réactions se multiplient suite à ces révélations. Les organisations de défense des droits de l’homme exigent la réouverture de l’affaire Chebeya.

La Fédération internationale pour les droits de l’homme, la Ligue des électeurs, le Groupe Lotus, l’Asadho et la Voix des Sans Voix exigent une réouverture de ce dossier. De son côté, le gouvernement n’a pas jugé nécessaire de se prononcer.

La sécurisation du site de l’enterrement

Rostin Manketa, et Marie-Josée Bazana exigent une sécurisation du lieu où a été enterré Fidèle Bazana. Ils sont respectivement directeur exécutif de la Voix des Sans Voix, l’ONG à laquelle appartenait Chebeya et veuve de Fidèle, collaborateur et chauffeur de Floribert Chebeya. Ainsi, Rostin Manketa demande « aux autorités congolaises ainsi qu’au bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme de tout mettre en œuvre pour la sécurisation de la concession du général Zelwa Katanga dit Djadjidja »

Marie-Josée Bazana, quant à elle en appelle au président Felix Tshisekedi. « Je demande au président de la République, lui qui prône l’Etat de droit, qu’il mette tout en œuvre pour qu’on puisse sécuriser l’endroit où les policiers ont dit que le corps de Fidèle Bazana, mon défunt mari, a été enterré, qu’on puisse maintenant arrêter John Numbi et le soi-disant Djadjidja à qui le terrain appartient. », a-t-elle indiqué.

« Nous la famille Bazana, nous vivons dans le désarroi et nous voulons toujours donner une sépulture digne à un père de famille », a-t-elle ajouté.

Affaire Chebeya, le gouvernement toujours silencieux

De son côté, le gouvernement congolais n’a pas voulu se prononcer sur l’affaire. « A partir du moment où cette affaire avait déjà été portée en justice et jugée à l’époque, je n’ai plus de commentaire à faire à ce sujet, c’est à la justice et à elle seule à laquelle il faut s’adresser aujourd’hui », estime André Lite Asebea, ministre des droits de l’homme. « Dans l’exécutif auquel j’appartiens, il y a l’obligation de réserve par rapport à toutes les décisions judiciaires. Dans un Etat de droits, il y a la séparation des pouvoirs, l’attribution des compétences et de fait, je ne peux pas jouer un rôle qui ne m’est pas reconnu conformément aux lois qui régissent notre pays », a-t-il indiqué.

Pour les confrères de RFI, des diplomates comme celui de l’Union européenne, des Etats-Unis, de la Belgique ont demandé à ce que ces nouveaux éléments soient pris en compte par la justice militaire congolaise. La même source indique que le bureau des Nations unies aux droits de l’homme se dit prêt à lui offrir son assistance.

Plusieurs autres sources estiment que ces révélations devraient intéresser la justice internationale afin de rétablir la vérité et de situer les responsabilités dans le double assassinat du 1er juin 2010.

Il faut préciser que le général Djadjidja a démenti à RFI toute implication dans cette affaire. Le général Numbi, lui, ne s’est pas exprimé, mais a promis de répondre aux questions de RFI.

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