Afrique du Sud : la redistribution des terres aux mains des blancs, bloquée par le Parlement

La redistribution des terres agricoles, majoritairement détenues par les blancs est un sujet sensible en Afrique du sud. Les élus du pays ont rejeté un projet de loi allant dans ce sens.

La redistribution des terres agricoles, majoritairement détenues par les blancs est un sujet sensible en Afrique du sud. Les élus du pays ont rejeté un projet de loi allant dans ce sens.

Le projet de réforme foncière, cher au président Cyril Ramaphosa a rencontré l’opposition, aussi bien de partis à majorité blanche que noire. Les arguments évoqués sont aux antipodes, et le gouvernement promet venir à bout de cette injustice en matière de possession de terres en Afrique du sud

Rejet du projet de loi sur la redistribution des terres

Le projet de loi sur la redistribution des terres prévoyait l’expropriation par l’Etat, et sans indemnisations, des terres agricoles majoritairement détenues par les blancs, au profit des sud-africains noirs. Mais le projet de loi a été rejeté mardi 7 décembre, par 204 voix pour et 145 contre, n’obtenant pas la majorité des deux tiers auprès des 400 députés.

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La question d’une expropriation avec ou sans compensation divise beaucoup dans le pays. Pour le premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), vu comme un parti de Blancs, ce projet viole le droit de la propriété et crée de l’incertitude. « Ce n’est pas ce dont le pays a besoin en cette période de marasme économique dû à la pandémie de Covid », a déclaré Annelie Lotriet, membre du DA.

Le bouillonnant Julius Malema, leader du parti radical des Combattants pour la liberté économique (EFF), à majorité noire, est aussi opposé au projet. Adepte de l’expropriation sans compensations, il estime que ce projet ne va pas assez loin. « Nous voulons que l’État soit le gardien de la terre », a-t-il déclaré. Le projet de redistribution des terres avait également suscité des inquiétudes auprès des investisseurs et des entreprises, surtout dans le secteur minier.

Corriger l’injustice de la dépossession de terres durant l’apartheid

Le président sud-africain s’était engagé à corriger cette injustice qui a consisté à déposséder les noirs de leurs terres au profit des blancs durant l’apartheid. Ce qui fait, un quart de siècle après la chute du régime raciste, que la communauté blanche possède toujours les trois-quarts des terres agricoles. Alors que cette communauté ne représente que 8% des 59 millions d’habitants.

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Ces dernières années, un comité représentatif a planché sur cette modification de la loi devant permettre la redistribution des terres en Afrique du Sud. Avant le vote au parlement, le porte-parole de l’ANC, parti au pouvoir, a estimé que l’action du gouvernement vise à « remédier à un crime inhumain, un crime contre la majorité africaine ». Mais le rejet ne signifie pas la fin du projet.

Un projet de loi distinct visant aussi la redistribution des terres, est en cours d’examen au Parlement et devrait être voté l’année prochaine. « Ce texte permettra à l’État d’exproprier et de savoir dans quel cas il peut ne pas payer de compensation », estime la spécialiste en droit foncier, Wilmien Wicomb, dont les propos sont rapportés par VOA. Une autre proposition allant dans ce sens est également à l’étude et le gouvernement promet un accès équitable aux terres.

Edoh