Traitement des migrants : la France épinglée par un rapport de Human Rights Watch

Traitement des migrants la France épinglée par un rapport de Human Rights Watch

Dans un rapport publié jeudi, 07 octobre, l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Human Rights Watch (HRW), a dénoncé le traitement des migrants en France. Les enquêtes portent sur la région de Calais, au nord du pays.

En 2016, les autorités françaises ont détruit la « Jungle de Calais », le vaste camp qui abritait des milliers de migrants au nord de la France. Depuis, plusieurs d’entre eux vivent dans des campements dans la ville, mais aussi à ses alentours. Une vie rythmée par des descentes policières.

Des expulsions quasi quotidiennes

Le rapport de l’ONG est intitulé : « Infliger la détresse : Le traitement dégradant des enfants et adultes migrants dans le nord de la France ». Harcèlement policier, destructions quotidiennes des lieux de vie, restriction de l’accès à l’aide humanitaire. Voici le traitement des migrants, adultes et enfants, vivant dans des campements de fortune en France.

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« Rien ne peut justifier de soumettre des personnes à une humiliation et un harcèlement quotidiens », selon Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch. Les lieux de vie de ces migrants sont quotidiennement détruits. Selon l’ONG, en 2020, pas moins de 950 expulsions ont eu lieu à Calais, tandis que plus de 5000 tentes et bâches, ainsi que des centaines de sacs de couchage, ont été saisis.

Pour éviter la destruction de leurs biens, les migrants déguerpissent avant l’arrivée de la police. « Entre 20 et 30 minutes, avant de retourner s’y installer », précise le rapport. Ces mouvements transforment la vie de ces hommes et femmes en véritable calvaire. Ils sont obligés de faire le guet tout le temps, puisque les décentes policières s’effectuent « un matin sur deux » selon un migrant syrien. En 2020, une femme révélait à l’ONG, que la police ne leur laissait que cinq minutes pour quitter leurs tentes avant le début des destructions.

Mauvais Traitement des migrants, un choix inefficace

HRW indique que ces traitements des migrants sont intentionnels. En effet, « ces pratiques abusives s’inscrivent dans une politique de dissuasion plus globale des autorités, visant à supprimer ou à éviter tout ce qui pourrait, à leurs yeux, attirer les migrants dans le nord de la France ». Affirmation confortée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui déclarait en juillet 2021 « la consigne que j’ai donnée pour éviter de revivre ce que les Calaisiens ont connu il y a quelques années, c’est la fermeté des forces de l’ordre. Cette fermeté va avec une présence très forte et des opérations toutes les 24 ou 48 heures ».

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Environ deux mille personnes, dont au moins 300 enfants non accompagnés, vivaient dans des campements à Calais et ses alentours à la mi-2021, d’après les associations humanitaires. Plusieurs centaines autres étaient installées dans une forêt à Grande-Synthe, près de la ville de Dunkerque. La preuve que le mauvais traitement des migrants, censé les décourager ne fonctionne pas. Les chiffres officiels indiquent que plus de 15 000 migrants ont tenté la traversée entre le 1er janvier et le 31 août 2021. Sur toute l’année 2020, ces tentatives avaient concerné près de 9500 personnes.

Au lieu d’opter pour un mauvais traitement des migrants, l’ONG suggère aux préfectures de collaborer avec le département pour trouver des solutions alternatives d’hébergements. Il est aussi recommandé aux services de l’Aide Sociale de « faire davantage » pour informer les mineurs non-accompagnés de leurs droits. HRW a mené des entretiens avec plus de 60 personnes migrantes, dont 40 se sont identifiées comme des enfants non accompagnés, à Calais et ses environs.

Esso A.