Une fois de plus, le président togolais Faure Gnassingbé, se retrouve propulsé au cœur d’un chantier diplomatique explosif. Mais cette fois, ses capacités de médiateur sont sollicitées non pas dans sa région de prédilection, mais en Afrique centrale sur le champ de mines congolais, dont l’Union Africaine espère qu’il sera la boussole.
Appelé à succéder à João Lourenço comme médiateur de l’Union africaine dans la crise qui secoue l’est de la République démocratique du Congo, le président togolais est confronté à plusieurs défis. Toutefois, Faure Gnassingbé n’a pas été choisi ex nihilo, et dispose de plusieurs atouts pour mener à bien cette mission délicate.
Faure Gnassingbé dans l’engrenage congolais
Le départ de João Lourenço, annoncé le 24 mars, consacre l’échec d’une médiation plombée par une défiance bilatérale entre Kinshasa et Kigali. L’incapacité du président angolais à réunir Paul Kagame et Félix Tshisekedi, malgré un engagement diplomatique soutenu, en dit long sur la profondeur du fossé à combler. Dans ce contexte, l’arrivée de Faure Gnassingbé ne simplifie pas la donne.
Il devra s’insérer dans un paysage diplomatique surchargé, marqué par la coexistence difficile (voire concurrentielle) de plusieurs processus : celui de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), celui de la SADC qui ont fusionné leur processus et adopté une feuille de route validée le 24 mars par les chefs d’État des deux blocs. Un autre défi est la médiation parallèle mais de plus en plus influente du Qatar.
Malgré la complexité du contexte congolais, Faure Gnassingbé n’arrive pas totalement désarmé. Bien qu’il ne soit pas issu d’un État membre directement impliqué dans les opérations régionales, ce positionnement extérieur constitue précisément l’un de ses atouts majeurs. Ni la RDC ni le Rwanda ne peuvent le taxer d’agenda caché, à la différence de l’EAC jugée trop favorable au Rwanda par Kinshasa; ou de la SADC que Kigali accuse de collusion avec les FDLR.
La discrétion au service d’une diplomatie gagnante
Bien qu’il soit d’une autre région, le président togolais entretient de bons rapports avec les principaux pays protagonistes dans ce conflit. Il a d’ailleurs déjà endossé son rôle de médiateur en allant rencontrer les différents pays impliqués de près ou de loin dans cette crise. En effet, il était le 16 avril à Luanda et à Kinshasa; et le 21 avril à Kigali. Cette convivialité qu’il a su tisser avec différents chefs d’État est un atout pour lui dans sa démarche d’être la boussole des différents protagonistes.

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Un autre atout pas des moindres du président togolais, est qu’il s’est imposé ces dernières années comme un acteur discret mais efficace de la diplomatie ouest-africaine. Il a été à la manœuvre, en coulisses, dans plusieurs dossiers sensibles : au Mali, au Burkina Faso, en Guinée. Autant de contextes où il a su tisser des liens avec des régimes civils comme militaires, et adopter une approche pragmatique fondée sur le dialogue. Entouré d’une équipe dynamique dont un chef de la diplomatie très actif, il a su peser lourd dans la balance en faveur de la paix.
Cette expérience du compromis, acquise dans une région en proie à une instabilité chronique, pourrait s’avérer précieuse pour décrypter les ressorts d’une crise où s’entrelacent enjeux géopolitiques, sécuritaires et économiques. C’est ce qui justifie d’ailleurs son choix à l’unanimité à l’Union africaine. Faure Gnassingbé est donc ce catalyseur qui pourra faire converger les intérêts des différents parties pour une résolution sur le continent, de ce conflit africain.