Crise à Madagascar : « qu’ils quittent », une partie de l’armée rompt avec le pouvoir

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Crise à Madagascar : "qu’ils quittent", une partie de l’armée rompt avec Andry Rajoelina

Jusqu’à présent isolé par les mouvements de contestation, le pouvoir d’Andry Rajoelina est désormais confronté à un tournant potentiellement décisif. Pour la première fois, un pan de l’appareil militaire appelle à la rébellion et refuse d’obéir aux ordres de tirer sur les manifestants. 

À Madagascar, l’insurrection citoyenne emmenée par la « Gen Z » a connu aujourd’hui un ralliement de taille, une faction de l’armée. Le contingent militaire du Capsat, à travers un colonel connu sous le nom de Mickael Randrianirina, a appelé ses pairs à « prendre leurs responsabilités » face à la crise politique, dans une vidéo diffusée ce 11 octobre.

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Les événements récents ont franchi une ligne rouge à Madagascar : samedi 11 octobre, des soldats du camp CAPSAT de Soanierana ont publiquement annoncé qu’ils se rangeaient du côté du peuple, exhortant gendarmes et policiers à cesser la violence. Certains groupes militaires ont même accompagné des cortèges, facilitant l’accès à des places symboliques comme la place du 13‑Mai. Face à cette déclaration inhabituelle, le ministre des Forces armées, le général Deramasinjaka Rakotoarivelo, a répliqué en appelant au calme et en affirmant que « l’armée reste unie ».

Sur RFI, le colonel Mickael Randrianirina a indiqué que son contingent a subi des tirs de la part d’un blindé de la gendarmerie. Aussi, a-t-il appelé le président, le Premier ministre, le ministre de la gendarmerie à laisser le pouvoir; « qu’ils quittent le pouvoir. » C’est tout. » a indiqué le colonel. La fragilité de l’appareil sécuritaire du régime est désormais exposée : l’armée, longtemps pilier du pouvoir d’Andry Rajoelina, est fracturée.

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En appelant les troupes à « refuser les ordres de tirer », certains officiers signifient que le pacte de loyauté est rompu. Si la rébellion gagne d’autres casernes, le président pourrait se retrouver isolé politiquement. Le pouvoir de Andry Rajoelina pourrait basculer, non pas dans un coup d’État classique, mais par une pression sociale transformée en implosion interne du régime.

Ce soir, le calme est pourtant revenu dans les rues d’Antanarivo où les groupes de manifestants sont entrain de se disperser. Face à cette crise, Andry Rajoelina dispose de quelques cartes, mais le temps lui est compté. Il conserve des relais : loyalistes, forces de police, et un appui diplomatique via des alliances étrangères. Il peut encore jouer la carte du dialogue, mais à condition de faire des concessions crédibles, face à une rue qui ne demande qu’une chose : son départ.

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