Alors que l’absence des profs s’intensifie dans l’Éducation nationale en France, un collectif de parents met la pression pour que les élèves soient indemnisés pour les heures de cours perdues. Le collectif #OnVeutDesProfs a lancé sa campagne d’indemnisation 2024/2025.
Depuis 3 ans, ce regroupement de parents d’élève a décidé d’amener devant la justice française, un problème majeur dans l’Education nationale : celui des cours non assurés dans les écoles. La justice a déjà condamné l’État à des indemnisations, dans cette affaire.
S’attaquer à l’absence des profs
Selon un rapport de la commission des finances de l’Assemblée nationale française, 7,4 % des heures de cours prévues ne sont pas assurés, à cause de l’absence des profs. C’est à cette situation, qu’elle assimile à une mauvaise organisation dans l’Éducation nationale, que cette association de parents d’élèves s’est attaquée.
Depuis 2022, le collectif #OnVeutDesProfs a déposé plusieurs requêtes en justice contre l’État, réclamant 10 € par heure de cours non dispensée pour les élèves de second degré, et 50 € par jour de cours non assuré pour les élèves du premier degré. Ces derniers mois, des décisions de justice ont été rendues en faveur de cet collectif qui s’attaque à l’absence des profs.
« Depuis un an, la justice commence à instaurer ces indemnités de 10 euros par heure non dispensée. C’est un début qui est fort. La justice condamne de plus en plus lourdement » a expliqué Me Joyce Pitcher, avocate du collectif, cité par le site 20minutes. Les juges ont fixé un seuil de 50 heures de cours non dispensées pour qu’une demande d’indemnisation soit recevable. Les indemnités sont de 10 euros par heure de cours non assurée, le remboursement des frais de cours particuliers, et 300 euros pour le préjudice moral des parents.
Une Éducation nationale mal organisée
Sur la base de ces critères d’indemnisation, la quasi-totalité des élèves du secondaire pourrait prétendre à environ 1.000 euros d’indemnisation par an, explique le collectif. Ce qui représente une pression financière potentielle de 4,465 milliards d’euros sur le ministère. Et c’est cette pression que vise les parents d’élèves, en s’attaquant ainsi à l’absence des profs. En effet, Me Pitcher estime qu’il s’agit d’une organisation défaillante du service public.
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« Ils sont juste très mal organisés. Il y a plein de professeurs qui ne sont pas encore titularisés ; des profs qui attendent leur affectation », explique-t-elle. En outre, avec un budget équivalent aux indemnisations potentielles, l’État pourrait recruter 10 % de professeurs supplémentaires dans le secondaire tout en augmentant leur salaire annuel de 7.500 euros brut, explique le collectif.
Loin de confondre l’absence des profs avec un absentéisme volontaire, le collectif veut surtout « dénoncer leurs conditions de travail et le démantèlement du service public », a martelé l’avocate. En effet, cet état de fait a des répercussions importantes sur l’éducation des élèves. Les dossiers déjà traités révèlent une moyenne de 148 heures de cours perdues par élève et par an, soit 17 % d’une année scolaire. La campagne lancée par le collectif apparait donc comme « un appel à l’aide pour des parents désespérés et des enfants angoissés alors que le problème s’aggrave », a plaidé Me Pitcher.